Trois mandats de dépôt ont été émis par le juge d’instruction au bureau 33 au Tribunal de première instance de Tunis alors que cinq autres accusés ont été maintenus en état de liberté, mais interdits de voyager.
Le premier juge d’instruction du bureau 33 auprès du Tribunal de première instance de Tunis a émis un mandat de dépôt à l’encontre du président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi. Il a également émis deux autres mandats de dépôt à l’encontre d’Ahmed Mechergui et Youssef Nouri.
Ces mandats de dépôt ont été émis dans le cadre d’une affaire de complot contre la sûreté de l’Etat en marge de l’interrogatoire par le juge d’instruction, de Rached Ghannouchi et des personnes arrêtées avec lui.
Accusations de « complot contre la sûreté de l’Etat »
D’après l’avocate Monia Bouali, membre du Collectif de défense, une enquête a été ouverte contre les suspects pour des accusations de « complot contre la sûreté de l’Etat » sur la base des articles 68 et 72 du Code pénal.
Rached Ghannouchi a été arrêté, dans la soirée de lundi 17 avril 2023, après avoir affirmé au cours du weekend que la Tunisie serait menacée d’une « guerre civile » si l’islam politique y était éliminé.
Des déclarations qui « entrent dans le cadre des crimes liés à vouloir changer le système de l’Etat, à inciter au chaos et à pousser les citoyens à s’entretuer et au chaos », a précisé entretemps, le porte-parole de la direction générale de la Garde nationale, Houssemeddine Jebabli.
« Toute tentative d’éliminer une des composantes politiques ne peut mener qu’à la guerre civile (…) Il est inconcevable d’imaginer la société tunisienne sans Ennahdha, sans islam politique et sans gauche… » a dit Rached Ghannouchi, qualifiant les mesures prises par le président de la République le 25 juillet 2021 de « coup d’Etat contre la démocratie ».
Ennahdha dénonce
Or, le mouvement Ennahdha a dénoncé, ce jeudi 20 avril, via un communiqué la décision du juge d’instruction d’émettre un mandat de dépôt contre Rached Ghannouchi à cause d’une déclaration en marge d’un événement organisé par le Front du salut national, le 15 avril.
Il s’agit, selon Ennahdha, d’une décision injuste et politique par excellence, qui considère que l’intervention de Ghannouchi ne contient aucune incitation et ne touche pas la paix sociale.
Cinq accusés en état de liberté
Le juge d’instruction chargé du dossier a, par ailleurs maintenu en état de liberté cinq autres accusés. Il s’agit de Mohamed Goumani, Belgacem Hassen, Mohamed Cheniba et deux autres personnes. Tous sont interdits de voyager.
C’est la brigade des crimes technologiques, mandatée par le ministère public au Tribunal de première instance de Tunis 1, qui est en charge de cette affaire dont le principal accusé est Rached Ghannouchi.