Une affaire vient d’éclater au lycée du Père blanc à El-Menzah. A l’origine de cette affaire, une danse jouée samedi dernier et jugée «immorale» par un certain Aymen Ben Ammar qui a saisit le ministère de l’Education en allant se plaindre directement auprès du ministre Abdeltif Abid. Ce dernier a d’ailleurs annoncé sur les ondes de la radio Mosaique FM que des sanctions seront prises aujourd’hui contre tous ceux qui ont participé de près ou de loin à cette fête «condamnable».
Pour comprendre le fin mot de l’histoire, rappelons que de lycéens ont organisé samedi dernier une petite fête durant laquelle ils ont dansé sur le rythme de Harlem Shake. Une sorte de danse qui connaît beaucoup de succès notamment lorsqu’elle est filmée et publiée sur Youtube. ET c’est ce qu’ont fait ces lycéens. Leur dans a été filmée et la vidéo a connu un succès énorme avec plus de 40.000 vues sur Youtube d’après le site « Le Courrier de l’Atlas ».
De là, la polémique prend forme ! Certains montent au créneau dont ce fameux Aymen Ben Ammar qui reproche à ces élèves ayant participé à la fête d’avoir porté des tenues indécentes et d’avoir eu des comportements immoraux. La vidéo est supprimée de Youtube mais l’affaire est vite épinglée et le ministère de l’Education est mis au courant. Le ministre est personnellement contacté par Aymen Ben Ammar pour que des sanctions soient rapidement prises.
Mais qui est donc Aymen Ben Ammar ? Selon le « Courrier de l’Atlas », c’est activiste bien connu dans les milieux islamistes. A 23 ans, il a déjà un formidable carnet d’adresses pour avoir été déjà vu à de nombreuses reprises en compagnie des plus hauts dignitaires d’Ennahdha et des ligues de Protection de la Révolution dont Cheikh Rached Ghannouchi lui-même.
Administrateur de plusieurs pages islamistes de la mouvance des jeunes d’Ennahdha, le type se présente comme un ancien combattant en Syrie et a pour ami le fameux Recoba, également connu dans les milieux islamistes.
C’est donc lui qui averti directement Abdeltif Abid de cette vidéo et lui incombe même de prendre des sanctions, selon un message reproduit par « Le Courrier de l’Atlas » : «Dans un statut Facebook publié en fin d’après-midi dimanche, Aymen Ben Ammar, (…) tient les propos suivants : «Je viens de contacter M. Abdeltif Abid, le ministre de l’Education, pour m’entretenir avec lui au sujet de la vidéo qui circule abondamment sur les réseaux sociaux, où l’on peut voir des élèves se dénuder et se prêter à des actes sexuellement suggestifs au Lycée du Père Blanc à El-Menzah 1. Suite à notre coordination, des mesures nécessaires et immédiates ont été prises contre le directeur, les surveillants et les élèves qui ont commis cet acte méprisable. Je vous tiendrai au courant de ce qui s’en suivra, je jure qu’ils seront renvoyés au plus tôt et publierai les preuves du renvoi des élèves et du licenciement des cadres incriminés, conformément à l’accord passé avec le ministre».
Ce message dira vrai puisque le ministre annoncera quelques instants plus-tard sur MFM l’ouverture d’une enquête, menaçant même de prendre des mesures à l’encontre des responsables de ces dépassements.
Qu’il y ait dépassement ou non, l’enquête le déterminera et épinglera les fautifs, mais cette affaire a connu de nouveaux rebondissements la grève que viennent d’entamer certains élèves du lycée Père Blanc. Ils s’insurgent contre les déclarations menaçantes du ministre de l’Education sachant que le ministère n’a auparavant jamais réagi lorsqu’il s’agissait de s’insurger ou maîtriser les groupes salafistes qui sèment le trouble devant les lycées.
La question est de savoir comment fonctionne le ministère de l’Education ? A-t-il peur des confrontations ? Certaines figures extrémistes ne sont, parait-il, pas inquiétées par la justice à voir le formidable travail de sape qu’ils abattent. Cependant, à l’Education n’a-t-on pas mieux à faire que de vouloir sanctionner les auteurs d’une danse durant une récréation ? N’y a-t-il pas d’autres problèmes beaucoup plus sérieux et profonds qui nécessitent une véritable réflexion et une mobilisation ?