Abou Yadh revient sur la scène publique et à la charge la veille du 23 octobre. Le leader jihadiste d’Ansar El Chariaa, en fugue depuis l’attaque de l’ambassade américaine du 14 septembre dernier et sa fuite spectaculaire de la Mosquée d’El Fath, est réapparu dans une vidéo pour lancer quelques messages à l’encontre de certains acteurs politiques tout en ménageant d’attaquer frontalement Ennahdha avec qui il partage certains points de vue, notamment sa virulente critique contre Nidaa Tounès et l’UGTT.
Après avoir remercié ses propres partisans, il s’attaque au gouvernement provisoire et principalement à certains de ses membres qui « se soumettent, selon lui, à l’occident mécréant surtout aux États-Unis et à la France, pur faire aboutir son agenda politique. » Il critique de manières acerbes, « le ministre qui s’est félicité qu’aucun américain ne fut victime de l’attaque de l’ambassade US (entendez le ministre des Affaires étrangères et celui qui appelle à l’application de la loi antiterroriste. » Ensuite, il a ensuite appelé les autres membres du gouvernement à soutenir la cause de l’Islam avant de qualifier l’ensemble de l’équipe gouvernementale de défaitiste en renonçant par exemple au régime parlementaire au profit du régime présidentiel.
Abou Yadh critique ensuite à ses alliés (ses frères comme il les a qualifiés) salafistes qui se sont adressés au Président de la République pour demander la relaxe des salafistes arrêtés après les incidents de l’ambassade américaine. Un Président décrit comme n’ayant aucun pouvoir, et traité de « débile » et d’ennemi des salafistes qu’il considère comme un cancer dans la société. Il se reprend, par la suite, pour dire qu’il s’agit d’une erreur qui peut être rétablie en s’adressant directement au mouvement qui déteint le pouvoir, lisez Ennahdha, et que de toutes les façons, ils sont tous des frères appelant à l’unité de toutes ces forces. Il demande, en fin de compte, que l’occasion de l’Aid El Idha, soit exploitée pour libérer les salafistes arrêtés après l’attaque de l’ambassade américaine.
Enfin, Abou Yahd fait une virulente attaque à l’encontre des laïcs, et principalement à Nidaa Tounès et à l’UGTT, qui voudraient, selon lui, faire vivre le peuple sous la botte de l’occident.
Cependant, Abou Yadh demeure prudent à l’égard d’Ennahdha en s’abstenant de critiquer le mouvement islamiste, confirmant implicitement une certaine convergence des vues et des objectifs avec lui.