Pour sa première visite officielle à Tunis, le ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, a choisi d’attaquer le sujet de l’immigration illégale, et de trouver, avec son homologue tunisien, des solutions à ce fléau qui selon ses dires « touche aux familles tunisiennes ».
Salvini a estimé, lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi, que l’objectif est de faire de l’Italie le premier partenaire économique, politique et culturel de la Tunisie.
Selon lui, il est impératif d’ouvrir des voies organisées pour la migration et de trouver des solutions à l’immigration clandestine « qui n’induit que catastrophes ».
« Si nous arrivons à trouver un accord quant à ce point, nous n’épargnerons aucun effort pour créer des postes d’emploi à travers le lancement de nouveaux investissements en Tunisie. […] Nous ne sommes pas contre l’immigration, mais nous voulons une immigration organisée et légale qui permet d’accueillir les expériences tunisiennes », a déclaré le responsable italien.
Salvini a insisté qu’il « travaillera, sur le champs, à fournir tous les moyens et ressources nécessaires pour soutenir la Tunisie et son peuple, à travers la création d’emplois, notamment dans la région du Sud où le nombre de jeunes choisissant l’immigration clandestine pour quitter le pays est le plus important ». « Je salue les efforts déjà fournis par la Tunisie, sur tous les plans », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le ministre tunisien de l’Intérieur, Hichem Fourati, a indiqué que sa réunion avec son homologue italien a porté sur l’amélioration de la coopération contre l’immigration clandestine et le développement de mécanismes efficaces pour contrer les personnes impliquées dans ces réseaux criminels.
« Le traitement de ce fléau ne se limite pas aux solutions sécuritaire, mais plutôt une approche globale qui se base sur le développement, tout en respectant les droits de l’Homme », a-t-il estimé.
Fourati a confirmé les propos du ministre italien et a indiqué que l’ouverture des portes à une immigration organisée et le lancement de projets communs, basés en Tunisie, dans les régions les plus touchées par ce phénomènes, représentent les premières solutions à adopter.
Selon les chiffres du ministère italien de l’intérieur, près d’un quart des 21.000 migrants admis en Italie cette année viennent de Tunisie, plaçant les Tunisiens en première position bien qu’au total, l’Italie a enregistré une baisse de 67% des demandeurs d’asile par rapport à l’année dernière.
« Avec la Tunisie, nous sommes en train de rapatrier 80 migrants clandestins par semaine, mais même si nous en expulsons 100, cela nous prendrait 80 ans pour rapatrier tous les Tunisiens en situation irrégulière », avait déclaré le responsable italien au début du mois.
« Plus de 4000 personnes sont arrivées cette année depuis la Tunisie. Il n’y a pas de guerre, de famine, de peste là-bas, donc la raison de ces flux n’est pas claire, j’irai demander des informations auprès des autorités ».
Pour rappel, Matteo Salvini avait déclaré que « l’Italie ne peut être le camp de réfugiés de l’Europe » et que « le bon temps pour les clandestins est fini : préparez-vous à faire vos valises ».
En juin dernier, il avait accusé la Tunisie d’exporter ses condamnés par le biais de la migration irrégulière. « La Tunisie est un pays libre et démocratique, mais il exporte souvent des condamnés », avait-t-il déclaré.
Ces déclarations avaient conduit à la convocation de l’ambassadeur italien par le ministère tunisien des Affaires étrangères. Ce dernier avait fait part de « la profonde surprise de la Tunisie vis-à-vis de ces déclarations qui ne reflètent pas le niveau de coopération entre les deux pays dans la lutte contre la migration irrégulière ».