La situation qui prévaut depuis des mois en Libye semble jeter un pavé dans la mare. L’approvisionnement du marché tunisien en produits alimentaires a été, en effet, fortement influé, ces derniers jours, par la demande libyenne.
L’entrée en scène, en plus, de certains intermédiaires illégaux a provoqué un déséquilibre du marché et provoqué, par conséquent, un nivellement vers le haut des prix de certains produits.
Si Ramadan coïncide normalement avec une augmentation dans la consommation de certains produits à forte demande au cours du mois Saint, l’arrivée massive de nos frères libyens risque de produire davantage de déséquilibre au niveau de l’offre et de la demande du marché.
En panne de stocks de régulation !
Habituellement, des stocks régulateurs (appelés également stratégiques) de produits alimentaires à forte demande durant le mois de Ramadan sont constitués en aval pour répondre aux besoins du marché. Cette année, exceptionnellement, en raison de la fermeture de plusieurs usines et unités de production pendant la Révolution, et les grèves qui s’en sont suivies, les stocks régulateurs n’ont pu être constitués. L’afflux massif des Libyens en Tunisie, conjugué au séjour de milliers de réfugiés de nationalités différentes dans nos contrées, pendant plusieurs semaines, a sensiblement entravé l’approvisionnement du marché, sans doute en raison du poids de la demande.
Sans parler des milliers de tonnes de produits divers acheminées chaque jour vers Libye, lequel pays, faut-il rappeler, demeure notre premier partenaire régional. En 2010, le volume des échanges tuniso-libyens ont atteint les 2,5 milliards de dinars. Aussi, entre 2008 et 2010, pas moins de cinq millions de Libyens ont-ils visité la Tunisie pour du tourisme ou pour des raisons médicales. C’est dire tout le poids que représentent les relations commerciales entre nos deux pays.
Pour preuve, la journée du 13 juillet 2011 a été marquée par la vente, à travers les postes frontaliers de Ras Jedir et Dh’hiba de plusieurs produits pour une valeur totale de 781 mille dinars. Ces produits ont concerné les pâtes alimentaires (147 tonnes), les pastèques (5 tonnes), les tomates (5 tonnes), les pêches (23 tonnes), les abricots (13 tonnes), les prunes (10 tonnes), les eaux minérales (9 tonnes) et les huiles végétales (50 tonnes).
20 usines d’eau minérale en exploitation !
A propos des eaux minérales qui ont enregistré ces derniers temps un manque au niveau de l’approvisonnement, une source responsable au ministère du Commerce a souligné que le problème qui a surgi touche plus aux circuits de distribution que celui de la production, cette dernière se situant à un niveau de 800 millions de bouteilles par an, en augmentation de 7 à 10% par rapport à la production de 2010.
Actuellement, la production est assurée par 20 usines alors qu’une autre unité entrera en exploitation dans un mois. Il faut rappeler que la consommation locale est de 6 millions de bouteilles par mois, laquelle enregistre va exceptionnellement au cours du mois Saint une augmentation de l’ordre de 15%.
Concernant les autres produits de base, signalons que la production des œufs en Tunisie est de l’ordre de 140 millions d’unités par mois et qu’en temps normal, une quantité de 55 millions d’unités est constituée pour répondre aux besoins du marché au cours du mois Saint. Par ailleurs, la production de poulet a été de 7200 tonnes en juin, elle sera de 8200 au cours de Ramadan, ce qui pourrait atténuer un tant soit peu la hausse du prix enregistré actuellement.
Pour ce qui est de la hausse vertigineuse du prix des piments, il faut savoir que la baisse des surfaces cultivées est derrière cet état de fait, si bien que la situation prévalant à Sidi Bouzid, »fief » de la culture du piment et des légumes en général, a fortement affecté la production.
Nous signalons enfin qu’il ne sera pas procédé, contrairement aux rumeurs, à l’augmentation des prix des produits de base. Dans le même temps, il est prévu l’importation de quantités de viandes, de poulets et d’escalopes congelés, toutes destinées au secteur touristique.
Chahir CHAKROUN -Tunis-Hebdo