Avec une rĂ©cession de -1,8 %, si la situation est comptablement nĂ©gative, du moins au dire des dĂ©tenteurs des donnĂ©es, il n’est pas dit que toute l’Ă©conomie, qui vit depuis toujours avec une moitiĂ© de son potentiel dans un noir impĂ©nĂ©trable par les lois de l’Ă©conomĂ©trie, soit arrivĂ©e Ă son dernier souffle comme tendent Ă le faire croire les faiseurs de chiffres. D’ailleurs Ă un mois Ă peine de la clĂ´ture de l’exercice 2011, qui pourrait prĂ©tendre nous Ă©difier sur les performances ou les contreperformances de la configuration Ă©conomique rĂ©sultante en cette première annĂ©e de rĂ©volution ?
Beaucoup de penseurs en doutent autant que le professeur Ch Ayari qui considère, avec rĂ©serves, la crĂ©dibilitĂ© des indicateurs-clĂ©s annoncĂ©s. Pour cet Ă©minent Ă©conomiste, le taux de croissance Ă©conomique effectif, le taux de chĂ´mage, les emplois crĂ©es, ceux dĂ©truis, le taux d’inflation, l’ampleur des dĂ©gradations et autres dommages collatĂ©raux subis par le système productif public et privĂ© national, les chiffres les plus proches de la rĂ©alitĂ© n’apparaitront selon lui, au mieux, qu’Ă partir de la fin du premier trimestre 2012.
Aussi, c’est sous cette approche de prĂ©caution que nous voulons ici aborder l’analyse des statistiques annoncĂ©es rĂ©cemment par l’agence des promotions des investissements Ă©trangers. Il en ressort en effet qu’avec 1259 entreprises de catĂ©gorie PME (petites et moyennes entreprises) le partenariat français en faveur de notre pays est au plus haut du podium de l’investissement Ă©tranger. Cet investissement français devance de loin celui de l’Italie, laquelle intervient avec 745 entreprises alors que celui de l’Allemagne prend la troisième place moyennant 266 unitĂ©s de production.
Pas loin du podium, la Belgique contribue avec 208 entreprises tandis que « les » pays arabes ont globalement pris part avec 220 entreprises.
Au total du dĂ©compte, avec près de 93 %, les EuropĂ©ens confirmeraient leur position de premiers partenaires traditionnels, ne laissant que 7 % des investissements aux pays du Golfe. Est-ce par manque de compĂ©titivitĂ© ou du peu d’intĂ©rĂŞt que les pays du Golfe nous accordent ? La question mĂ©rite d’être posĂ©e surtout Ă une pĂ©riode oĂą plus que jamais les conditions sont propices Ă un dĂ©veloppement en direction du Sud-Est, mais dont la rĂ©activitĂ© paraĂ®t bien molle.
Ceci dit, il faut, en tout cas, savoir que la forte majoritĂ© de ces entreprises est installĂ©e autour des grands centres urbains, plutĂ´t cĂ´tĂ© littoral, choisissant les zones Ă polaritĂ© industrielle opĂ©rationnelle oĂą l’infrastructure est dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ©e. En effet, avec seulement 402 entreprises (mais qui emploient tout de mĂŞme quelques 57.000 personnes) les rĂ©gions de l’intĂ©rieur, parents pauvres de la distribution vers les zones dĂ©munies, n’auront profitĂ© que d’un faible pourcentage d’implantation, Ă peine 13 % sur les 3102 entreprises qui ont choisi de travailler chez nous.
Ce chiffre global, arrĂŞtĂ© au 31 dĂ©cembre 2011, emploie pas moins de 321.000 personnes, mais ne reprĂ©sente plus que 1711 MD investis en 2011 contre 2417 Md Ă la mĂŞme Ă©poque Ă fin 2010. Il faut prendre conscience, aux dires de l’agence des investissements Ă©trangers, que les instabilitĂ©s diverses, et notamment l’arrĂŞt de la privatisation et/ou les grands projets prĂ©vus, auraient fait chuter les investissements de pas moins de 29,2 % en 2011 et que les emplois ont chutĂ© de 15.329 Ă 10.839 (soit une destruction de 29,6 %) pendant la mĂŞme annĂ©e. Au dĂ©compte, seulement 9464 emplois demeurent actifs dans le secteur industriel. Les pertes d’emplois sont, quant Ă elles, consĂ©quentes Ă la fermeture dĂ©finitive de quelques 182 entreprises de catĂ©gorie petites et moyennes, pour l’essentiel.
Cette distribution des opérateurs étrangers fortement européens semble orienter les responsables à accentuer la promotion du site tunisien en creusant un peu plus en Occident, voulant lancer, courant 2012, une large campagne à destination des États-Unis, de la Grande-Bretagne, voire des pays scandinaves, et ce, sans oublier aussi les pays du Golfe.
Dans ce contexte, les rĂ©unions de travail qu’a eu le chef du gouvernement JĂ©bali dans et en marge de Davos semblent confirmer la continuitĂ© du partenariat euro-tunisien comme Ă©tant la source la plus fiable Ă promouvoir les vĂ©hicules traditionnels propices tant financiers que pour les transferts technologiques, ayant montrĂ© leurs efficacitĂ© et fiabilitĂ© par le passĂ©… La « rĂ©al » politique, ça vous dit ?
