En hommage à feu Chokri Belaid et en commémoration du 40ème jour de son décès, le parti des Patriotes démocrates unifié a décidé d’organiser aujourd’hui et demain une série de manifestations à Tunis et dans d’autres régions de l’intérieur auxquelles prendront part de nombreux partis politiques et des membres de la société civile.
Ces commémorations débutent aujourd’hui à partir de 13H00 avec un rassemblement qui partira du cimetière d’El Jellaz pour se diriger via l’avenue de Carthage vers l’avenue Habib Bourguiba. Le lendemain, une autre commémoration aura lieu à la Coupole d’El-Menzah.
Dans le cadre de cette commémoration, le ministère de l’Intérieur a d’ailleurs pris des mesures spéciales pour éviter tout débordement et assurer la sécurité de la marche en interdisant notamment le stationnement des véhicules aux alentours du cimetière et ce jusqu’à 16H00.
La commémoration de Chokri Belaid a lieu alors que son présumé meurtrier court toujours bien que des présumés complices aient été arrêtés. Toutefois, l’enquête semble être au point au mort et soulevé encore beaucoup d’interrogations si l’on se base sur les déclarations des avocats de la défense.
Me Snoussi, cité par l’agence TAP, révèle plusieurs points d’interrogation du fait que le collectif de défense n’a pas reçu communication du dossier technique de l’affaire qui contient un listing des conversations téléphoniques et des enregistrements des caméras de surveillance, de même que le rapport balistique.
La défense s’interroge, aussi, sur l’absence d’isolement du lieu du crime durant au moins un ou deux jours et la mise sous séquestre de la voiture dans laquelle Chokri Belaïd avait été abattu, au risque d’entraîner la disparition de certains indices.
La défense ne disposerait pas non plus d’informations sur la manière dont a réagi le poste de police le plus proche du lieu du crime et les patrouilles en service, le 6 février (jour de l’assassinat), selon l’avocat relevant une défaillance concernant la voiture sans plaque d’immatriculation utilisée pour commettre le crime, voiture qui, selon lui, serait connue des services de sécurité du fait qu’elle avait été utilisée lors des événements de l’ambassade américaine, le 14 septembre 2012, photos à l’appui.
Me Snoussi cite ces détails comme des défaillances ne permettant pas de mener l’enquête sur des bases légales.
En outre, le collectif de défense se préparerait à poursuivre en justice les anciens ministres de l’Intérieur, Ali Laarayedh, et de la Justice, Noureddine Bhiri pour manquements de ces deux ministères lorsque des menaces de mort ont été proférées contre Chokri Belaid. Le ministère de l’Intérieur n’a pas fourni de protection au défunt après ces menaces et le ministère de la Justice n’a pas alerté le parquet après les menaces de mort, selon l’avocat.
Enfin, Ali Laarayedh, a démenti hier, l’information selon laquelle il connaîtrait le lieu où se cache le meurtrier de Chokri Belaïd, Kamel Gadhgadhi, toujours recherché par les forces de sécurité. Dans un communiqué de la présidence du gouvernement, le Premier ministre a précisé que « les unités sécuritaires tunisiennes déploient leurs efforts pour capturer l’assassin de Chokri Belaïd et le traduire devant la justice ».