Ce matin, Paris s’est réveillé sous la neige et dans un grand désordre au niveau des transports en commun. Aux infos du matin, la nouvelle est tombée comme la renaissance d’un souvenir qui s’éloigne : « Immolation d’un jeune homme en plein centre de Tunis ».
C’est France Info qui a été le premier à relayer cette nouvelle, immédiatement reprise et amplifiée par de nombreux medias. Au fil des flashes, les informations se précisaient davantage. Il s’agirait d’un marchand de cigarettes à la sauvette, il serait originaire de Jendouba, il serait dans un état récupérable…
Très vite, les commentaires ont pris le relais alors que dans la communauté tunisienne, coups de fils, tweets et partages sur Facebook renforçaient la circulation de cette triste nouvelle qui fait resurgir un désespoir que certains croyaient enterré.
Il y a seulement quelques jours, webdo.tn faisait paraitre un article intitulé « Immolations, suicides et dépression : le lot commun des Tunisiens après la révolution ».
Cet article soulignait la banalisation du phénomène de la violence contre soi et le peu d’intérêt que semblent lui accorder les autorités. Et voila qu’une nouvelle immolation « spectaculaire », par laquelle son auteur désire nécessairement attirer l’attention sur une profonde détresse, vient défrayer la chronique des gouvernements successifs de la Troika islamiste.
Ici à Paris, le commentaire qui a jailli concerne le « désir de provoquer une nouvelle étincelle » qui semble motiver plusieurs gestes désespérés.
Au delà, ce geste qui renvoie à celui de Bouazizi en décembre 2010 provoquera bien des commentaires et soulignera encore une fois le mal-être des Tunisiens désormais pris en tenailles entre des islamistes intransigeants et une économie en berne. Car c’est bien cela le grand écart qui afflige la révolution tunisienne menée pour des raisons sociales puis détournée par les islamistes au pouvoir selon leur agenda idéologique qui se soucie peu de la volonté réelle du peuple tunisien.