Mais a-ton seulement le droit de le dire ?
Le tribunal militaire du Kef a rendu son verdict hier soir dans l’affaire connue sous le nom de « martyrs de Thala, Kasserine, Kairouan et Tajerouine ».
Tombé comme un couperet au milieu d’un tumulte social, politique et médiatique, ce verdict est jugé inéquitable pour plusieurs !
La seule peine lourde de ce procès est allée à Ben Ali qui prend une perpétuité, jugé par contumace alors qu’il coule de beaux jours dans son paradis doré en Arabie Saoudite et que les chances de le voir comparaître devant la justice tunisienne s’amenuisent de jour en jour.
La deuxième grande déception de ce verdict, c’est l’acquittement de figures emblématiques de l’ancien régime, Ahmed Friaa, ministre de l’intérieur nommé par Ben Ali le 13 janvier 2011, Ali Sériati, chef de la sécurité présidentielle, et Moncef Lajiimi, chef des forces d’intervention au ministère de l’Intérieur.
D’autres peines ne dépassant pas les quinze années de réclusion ont été prononcées contre l’ancien ministre de l’Intérieur Rafik Hadj Kacem et des hauts responsables dans les forces de l’ordre.
Injustes, crient les familles des martyrs, nos enfants seraient morts pour rien, les oobjectifs de la révolution ne sont pas atteints et les assassins courent toujours. Le tribunal militaire a-t-il subi des pressions? Ramzi Bettibi, journaliste à Nawwat, par sa grève de la faim avait alerté l’opinion publique sur les risques d’une « dérive judiciaire », il a accusé la justice militaire de « cacher la vérité », l’armée a pesé de tout son poids pour étouffer cette affaire. On ne peut pas critiquer l’armée, présentée comme le sauveur de la révolution, l’amie du peuple, surtout pas dans ce climat d’insécurité et de tension qui règne ses derniers jours dans le pays.
S’exprimant sur la chaîne Aljazira, Maître Charfeddine El Qlil, l’avocat des familles martyrs, a dit que la vérité a été violée, que la justice militaire n’était pas à même d’établir des preuves tangibles, et que les dossiers en ont été vidés.
Des heurts ont éclaté d’ores et déjà hier soir à Kasserine, juste après l’annonce du verdict!
Saura-t-on la vérité un jour ?