Farouk Smari, blogueur de Sidi Bouzid, âgé de 31 ans, a été arrêté ce samedi 2 août vers midi « pour avoir insulté les forces de l’ordre ».
Son frère Foued Smari nous a informé que des policiers en civil l’ont interpellé ce matin au souk en présence de sa mère.Ils lui ont demandé sa carte d’identité et l’ont emmené ensuite, menotté, au poste de police.
Sur place, la police a informé le père de Farouk que son fils avait publié un statut facebook, pendant les premières semaines de Ramadan où il aurait écrit : » Les taghouts (les tyrans) salissent la mosquée avec leurs chaussures » s’opposant aux arrestations faites à l’intérieur des mosquées.
La police l’a arrêté aussi parce qu’il a pris une photo- qu’on lui a montré en capture d’écran-avec des salafistes pendant les premiers mois de la Révolution.
« Pendant les premiers mois de la Révolution, des salafistes ont voulu lui rendre hommage avec un certificat de reconnaissance pour son blogging, d’où la photo, rien de plus. D’ailleurs, il a nié le fait que ce statut dont parle la police soit le sien, » précise Foued Smari.
Un blogueur à qui les médias nationaux et internationaux font appel
« Mon frère a commencé le blogging avec la Révolution tunisienne le 17 décembre 2010. Il a beaucoup filmé. La chaine AlJazeera l’appelle de temps en temps pour avoir ses vidéos. Même envoyé Spécial de la chaine France 2 lui a volé ses vidéos, sans mentionner le logo de son blog Sidibouzid17… Jusqu’à maintenant, la radio tunisienne l’appelle également pour avoir les nouvelles » explique son frère en insistant sur le fait que Farouk est bien intégré et qu’il est « très actif dans la société civile ».
« Il est musulman pratiquant mais il n’a rien à voir avec ces histoires. D’ailleurs, tout le monde le connait ici » explique son frère.
Houssem Hajlaoui, activiste et blogueur, a réagi à l’arrestation
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Post by Houssem Hajlaoui.
Les arrestations se multiplient à Sidi Bouzid
D’après son ami, blogueur aussi, Yasser Ncibi, « Farouk n’a jamais appelé à tuer les policiers ou l’armée. » Ces arrestations se sont multipliées ces derniers temps, avant même l’attaque contre les militaires le 16 juillet à Kasserine » affirme-t-il. »
Après cette tragédie, la présidence du gouvernement a indiqué dans un communiqué, datant du samedi 19 juillet, qu’elle considère « les institutions sécuritaire et militaire comme une ligne rouge », affirmant que « toute personne, groupe, parti ou institution les dénigrant s’expose à des poursuites judiciaires et militaires ».
Marouan Kouka, l’avocat de Farouk Smari, nous a prévenu que le sort de ce dernier sera déterminé lundi. Pour le moment, il est en garde à vue au poste de police à Sidi Bouzid. Il sera confronté la semaine prochaine à un juge d’instruction.
Farouk Smari a été très actif sur les réseaux sociaux depuis la Révolution tunisienne, bravant la censure et militant pour la liberté d’expression. Blogueur passionné, il continue à écrire; mais pour survivre, il vend des vêtements usés, de la fripe, au souk, là où il a été arrêté ce matin.