Après les propos de Béji Caid Essebsi déclarant que la députée et vice-présidente de l’Assemblée constituante Meherzia Labidi « n’est qu’une femme » qui a soulevé une polémique, Ennahdha a répliqué , entre autres, par l’intermédiaire de l’intéressée et du député Habib Khedhr.
Béji Caïd Essebsi attaque Labidi : « Ce n’est qu’une femme »
Lors de l’émission « Chokra Ala Al Houdhour » sur Watania 1, le 1er octobre, le président de Nidaa Tounes et candidat à l’élection présidentielle avait déclaré que Meherzia Labidi, « n’est qu’une femme » en riposte aux déclarations de la vice-présidente de l’ANC. En effet, Mme Labidi a qualifié Nidaa Tounes de parti « non démocratique » le 26 août dernier dans le journal Akher Khabar. Elle a précisé qu’elle se méfie d’une « formation politique qui a collaboré avec l’ancien régime ».
Elle a également rajouté que le gouvernement de Béji Caid Essebsi était « laxiste envers Ansar Acharia ».
Béji Caid Essebsi a réagi en disant « ce n’est qu’une femme », expression tunisienne perçue comme misogyne. Les propos d’Essebsi ont été surprenants pour certains, d’autant plus qu’il ne cesse de vanter « le projet moderniste et progressiste », le « Code du statut personnel » et son « respect de la cause féminine ».
Meherzia Labidi répond : « Je ne suis qu’une femme qui a pitié des esprits rigides et réactionnaires »
Sur sa page Facebook, Meherzia Laabidi riposte à l’attaque de Béji Caïd Essebsi :
« Heureusement que je ne suis qu’une femme, fille d’un cheikh zaytouni qui a excellé dans mon éducation et m’a appris le sens du mot dignité (…). Heureusement que je ne suis qu’une femme, épouse d’un homme ouvert d’esprit qui m’a soutenu pour travailler et militer pour devenir une figure connue du paysage politique (…).
Heureusement que je ne suis qu’une femme qui a milité au sein d’un parti aux principes islamiques et pionnier en démocratie, qui respecte la femme, m’a désignée à un haut rang politique où j’ai pu montrer que la femme tunisienne a toutes les compétences pour l’action politique (…) Heureusement que je ne suis qu’une femme qui n’a pas été trompée par les slogans mensongers de figures du passé et du défunt (régime) qui parlent de démocratie et de droits de la femme alors qu’il sont loin de respecter la femme (…).
Heureusement que je ne suis qu’une femme qui a le courage et la force d’affronter et dévoiler le mensonge malgré la poudre aux yeux. (…) Heureusement que je ne suis qu’une femme, libre et fière, qui porte en elle l’amour des Tunisiens et a pitié des esprits rigides et réactionnaires. »
Reprenant cette phrase à son avantage, elle a ainsi détourné la référence misogyne en revenant au sens littéral des mots tout en attaquant Essebsi, sans le nommer.
Le député Habib Khedhr
Sur sa page Facebook, le député Habib Khedhr a également réagi, sans nommer le nom de Béji Caïd Essebsi aussi, en affirmant que sa collègue Meherzia Labidi n’a pas besoin d’être défendue puisque les gens la connaissent et connaissent son militantisme.
« Son histoire indique qu’il a été au service de l’oppression et de la tyrannie (…) et je suis presque certain que son nom sera l’un des noms qui se répètera le plus dans les feuilles de l’Instance de la vérité et de la dignité en rapport avec la justice transitionnelle (…) », a-t-il répliqué en finissant par ironiser que « la chose venant de là où elle vient n’étonne point ».