Aux dernières nouvelles, le parti d’Ennahdha aurait proposé au président de la République, le très controversé Noureddine Bhiri comme futur Chef de gouvernement. Moncef Marzouki, bien au fait que la nomination de ce dernier ne ferait qu’accentuer une crise politique, déjà à son paroxysme, est en train d’user de tout son crédit auprès de ses alliés d’Ennahdha pour que cette dernière lui suggère une personnalité issue de son rang… mais qui ne soit pas aussi «plombée» que l’actuel titulaire du portefeuille de la Justice.
D’évidence, sortir le nom de Noureddine Bhiri, qu’ils savent pertinemment « non premier ministrable » quel que soit le cas de figure, à moins de vouloir plonger le pays dans une crise sans fin, est une manœuvre dont le but est de déblayer le terrain pour une autre personnalité, un Abdelatif Mekki ou plus encore un Ali Laarayedh requinqué par les récentes découvertes de stock d’armes (encore une drôle de coïncidence dans le timing) et peut-être par la révélation des commanditaires ou assassins du martyr Chokri Belaid (de grosses surprises-bidons en vue).
Outre le fait que le sieur Jebali semble être passé par pertes et profits, cette nouvelle partie de poker menteur magistralement jouée par Ennahdha, ne fait pas avancer le «schmilblick» institutionnel. Le pays n’est pas en mesure de supporter cet interminable feuilleton aux incessants rebondissements tout aussi rocambolesques.
Ennahdha, en tant que parti majoritaire et qui ne perd pas de surcroit, une occasion pour s’ériger en gardien de l’ordre institutionnel doit faire preuve, sans tarder d’un peu plus de responsabilité… Soyons un brin sérieux mesdames, messieurs ! Noureddine Bhiri Chef de gouvernement ?… Un an et des poussières de règne sans partage comme ministre de la Justice et il ne se trouve plus un citoyen pour faire confiance dans cette institution ô combien importante dans cette phase transitionnelle… Alors imaginez qu’il devienne «dharba wahda» chef de l’exécutif ?!
En effet, comment concevoir qu’un homme au comportement très cavalier par rapport à la loi (du cas Sami Fehri à l’insupportable et scandaleux conflit d’intérêt du fait du maintien en activité de son cabinet d’avocat) soit désigné dans cette fonction avec toutes les prérogatives qui vont avec ? Tout cela semble inimaginable, surréaliste même d’où notre conviction qu’encore une fois… le parti majoritaire est en train de nous prendre pour… des «benêts» et qu’il ne s’agit dans l’espèce, comme précédemment dit, que d’une énième et désormais manœuvre dilatoire dont le but n’est que de gagner du temps… pour faire passer en toute douceur un nom beaucoup moins problématique… mais autrement plus costaud qu’un Bhiri, fort peu charismatique et déjà largement «grillé» auprès de l’opinion publique.