De tous les hommes politiques prĂ©sents sur la scène mĂ©diatique, Mr Lotfi Zitoun est de loin celui qui dĂ©tient tous les records. Son arrogance, son autosuffisance et sa vĂ©hĂ©mence ne sont plus Ă dĂ©montrer, et c’est peut-ĂŞtre pour ses « qualitĂ©s » d’orateur fougueux que son parti le dĂ©pĂŞche au-devant de la scène Ă chaque fois que la situation est grave ou dĂ©licate. Lors de ses apparitions, le tĂ©lĂ©spectateur n’est plus Ă©tonnĂ© de le voir couper la parole Ă ses interlocuteurs, accuser ses adversaires politiques, et notamment ceux de l’opposition de tous les maux du pays, dĂ©tourner des vĂ©ritĂ©s historiques, romancer le quotidien, hausser le ton, s’enfermer dans un dĂ©ni total de la rĂ©alitĂ©, fustiger pĂŞle-mĂŞle les syndicats, les mĂ©dias, les partis politiques, les acteurs de la sociĂ©tĂ© civile et mĂŞmes les instances internationales, et se dĂ©rober aux questions cruciales auxquelles il ne rĂ©pond presque jamais. Le geste accompagnant souvent le verbe, nous l’avons vu Ă maintes reprises porter sur son interlocuteur un doigt accusateur ou menaçant, prendre la posture de quelqu’un qui s’ennuie Ă mort, et j’en passe des grimaces et expressions du visage que les cameramen des plateaux tĂ©lĂ©vision osent nous montrer ! Le dernier de ces gestes Ă©tait celui d’hier, qu’il a eu l’encontre de Mme Maya Jribi sur le plateau de « Hdith EssĂ©aa » de Elyes Gharbi sur la première chaĂ®ne nationale, un geste fort dĂ©placĂ© qui a offensĂ© Mme Jribi et laissĂ© abasourdi le journaliste, un geste de trop !
Plus que l’outrance, ce geste condamnable est empreint d’une misogynie franche. Il est clair que Mr Zitoun ne se serait pas comportĂ© de la sorte si son adversaire Ă©tait un homme, mais avec une femme, il s’est permis cet Ă©cart, et ne s’est mĂŞme pas excusĂ© malgrĂ© l’insistance de Mme Jribi. La femme, objet de toutes les convoitises, la femme par qui tous les pĂ©chĂ©s arrivent, la femme que l’on doit cacher de la tĂŞte aux pieds est encore une fois publiquement malmenĂ©e.
Sur les rĂ©seaux sociaux, les pages pros gouvernementales n’ont pas tardĂ© Ă acclamer ce geste et sur l’une des nombreuses vidĂ©os qui circulent on peut lire ce titre: « Mr Zitoun assène une leçon Ă Maya Jribi ». Cela dĂ©montre que la misogynie est toujours bien ancrĂ©e chez les Tunisiens, et qu’elle a de longues annĂ©es devant elle, au regard des « changements » profonds qui s’opèrent dans la sociĂ©tĂ© ! Il est dĂ©plorable de voir des dirigeants politiques donner ce genre d’exemple Ă la jeunesse !
