Les retrouvailles du chef gouvernement démissionnaire et de Rached Ghannouchi ont été strictement à l’opposé de ce que pensaient bon nombre d’observateurs c’est-à-dire particulièrement chaleureuses voir même émouvantes, surtout pour la communauté des nahdhaouis.
Le baiser sur le front donné par l’éphémère futur sixième calife à l’indéboulonnable émir de la sphère islamiste tunisienne n’est pas loin de résumer à lui seul la tournure prise du feuilleton dit «l’initiative Jebali», c’est-à-dire un happy end nahdhaoui intégral et un retour aux sources pour « l’enfant » prodige.
Je ne crois rien inventer en disant que le parti d’Ennahdha n’est pas un parti comme les autres, de même que son chef n’est pas un chef comme les autres (excusez la répétition)… Le leader «maximo» d’Ennahdha n’est pas là seulement en raison du fait de son charisme, de sa capacité à rassembler les troupes ou encore à faire une synthèse politique au sein de sa formation, il n’est à cette fonction qu’à la faveur de son statut de commandant des croyants et son investiture tient plus du religieux que d’un quelconque jeu démocratique.
C’est donc en toute logique que la première chose qu’a pu entreprendre Monsieur Jebali après sa démission-résignation en revenant siéger dans le Majless Choura, c’est d’embrasser l’auguste front ghannouchien, synonyme d’un renouvellement d’allégeance, acte au guide spirituel. Ainsi, par ce geste il réitère en cette occasion fidélité à son parti et à son chef et signe par la même occasion son retour au bercail après une légère désobéissance de façade à usage strictement tactique.
Monsieur Jebali est donc de retour à la maison Ennahdha, un poste pourra se libérer pour cause d’enterrement de la troïka version CPR-Ettakatol-Ennahdha… Monsieur Ben Jaafar dont le groupe parlementaire n’est plus nécessaire pour avoir une majorité à l’ANC serra-t-il éjecté de son perchoir pour recaser l’héroïque Jebali, l’homme qui s’est sacrifié pour sauver son parti ? L’avenir très proche nous en apportera peut être la confirmation… En attendant, Monsieur le président de l’ANC pensez à une sortie honorable avant que cela ne soit trop tard.