L’interview du détenu Imed Trabelsi par le quotidien français « Le Parisien », publiée hier ne peut laisser indifférent et suscite des questions. Celui qui incarne indéniablement la corruption du régime déchu entend à travers l’entretien donner une image qui casse avec la réputation d’un voyou hors la loi que tout le monde connaît.
Les conditions dans lesquelles s’est déroulée l’interview paraissent pour le mois invraisemblables. Quoi de plus normal que ceci soit réalisé par l’entremise de son avocat, mais le plus frappant c’est que le Parisien précise le fait que l’interview « a été rédigée à la main et en français par Imed Trabelsi» comme si son niveau d’instruction lui permettait de le faire.
En tout cas, à y regarder de près, l’on ne peut qu’être consterné devant ses affirmations relatives aux conditions jugées nullement « explosives » qui ont déclenché la Révolution. Il reconnaît par ailleurs la « restriction des libertés » qui ont engendré la chute du régime. On ignorait que Imed Trabelsi pouvait être ainsi sensible à des questions fondamentales comme celle de la liberté d’expression. Il n’ya plus de limites à l’indécence si l’on en croit le détenu drapé dans l’accoutrement de la « victime d’acharnement » de la justice qui n’a pas voulu lui accorder la grâce générale du mois de mars dernier.
Et Imed Trabelsi de poursuivre son autodéfense. Comment ne pas s’étonner à l’entendre dire que « la Révolution n’est pas achevée et (qu’elle) n’a pas atteint tous ses objectifs. » Mieux encore, le voici lecteur de l’actualité politique soulignant au passage qu’ « un régime politique doit s’appuyer sur une justice équitable et des médias libres et indépendants. » Cela se passe de commentaire.
Sa stratégie fondée sur la récusation de toutes les accusations dont il fait l’objet ne peut aboutir qu’à une fin de non-recevoir. La tentative de quitter le pays est selon lui dénuée de tout fondement, l’affaire du yacht volé est montée de toutes pièces, à ses yeux, qui vise « à nuire à sa tante Leila Ben Ali.»
Et l’on ne sait comment il finit par avouer qu’il n’est pas « un ange ». C’est qu’il est alors démon, mais un démon qui s’ignore ! Toute cette rhétorique, soufflée par on sait quel conseiller, ne peut disculper celui dont l’arrogance et l’insolence avaient causé à plus d’un les pires des injustices et des souffrances. Songez aux habitants de La Goulette. De la cellule où il se trouve, il a beau exalter les Tunisiens, « peuple doté d’une intelligence innée », à ses dires, personne ne pourra oublier les affres que le système mafieux auquel il appartenait a fait subir au peuple.
En définitive, l’on ne peut que s’interroger sur les tenants et les aboutissants du quotidien français, et ce qui certain, c’est que Le Parisien aime à surfer sur la vague du sensationnel.