Un collectif composé de 25 ONG de tunisiens à l’étranger, soutenu par plusieurs associations tunisiennes, a appelé Mehdi Jomaâ, en sa qualité de futur chef du gouvernement, à refuser la signature de l’accord de mobilité proposé par l’UE. L’appel a été publié, aujourd’hui, dans une lettre sur le site du Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux.
Ces ONG et plusieurs composantes de la société civile se battent, en effet, depuis plusieurs mois pour que cet accord ne soit pas signé et l’appel qu’ils lancent à Jomaâ pourrait être justifié par la crainte de voir le prochain chef du gouvernement, de par sa relation avec l’UE, signer sans hésitation ledit accord.
Il y aurait également une probabilité que les Européens misent beaucoup sur la nomination de Mehdi Jomaâ pour faire passer l’accord, compte tenu du fait qu’il pourrait (de par ses longs séjours en Europe) être plus «sensible» aux problèmes de l’immigration clandestine que les autres dirigeants Maghrébins.
Notons que l’accord sur la mobilité, dont la signature était prévue le 5 décembre puis reportée, consacre le principe de «l’immigration choisie». En échange, la Tunisie bénéficiait d’une aide pour mieux contrôler les flux de migrants, non seulement tunisiens, mais aussi subsahariens, pour lesquels notre pays est devenu une zone de transit en vue de gagner l’Europe.
Pour les organisations de la société civile qui dénoncent ce texte, il ne s’agit rien de moins que d’une «externalisation des frontières masquée». Des associations, dont l’UGTT, la LTDH, le FTDES, le REMDH ou encore Migreurop, militent pour que cet accord garantisse «le respect des droits fondamentaux des personnes migrantes, des demandeurs d’asile et des réfugiés».