Des dizaines de jeunes se sont mobilisés, aujourd’hui devant le ministère de l’Education pour exprimer, à leur manière, leur refus de toute tentative d’étouffer leur liberté et de penser… et de danser. Plus de 9000 participants étaient attendus pour participer à ce méga « Harlem Shake »… Ils ne sont pas tous venus !
L’idée de mise en scène du buzz planétaire «Harlem Shake» devant le ministère est née suite à la polémique suscitée par une vidéo postée sur Youtube par une poignée d’élèves du lycée Père blanc à El-Menzah. Dénoncés directement auprès du ministre de l’Education, les élèves de ce lycée, sont, depuis, devenus les porte-drapeaux de toute une jeunesse.
Lors d’une fuite en avant effrénée, le ministre a, dans la foulée, annoncé l’ouverture d’une enquête qui a provoqué une levée de boucliers au sein de la société civile mais surtout au sein des établissements scolaires où les élèves, dans un mouvement général de solidarité, ont entrepris, eux aussi de mettre en scène ces fameux pas de danse très contestés dans les sphères de l’islamisme radical.
Et pour cause, cette danse à connotation sexuelle est dénoncée par les islamistes qui la jugent indécente. Mercredi, l’Institut des langues Bourguiba School de la cité El Khadra. A même été le théâtre d’affrontements entre étudiants et salafistes lorsque des jeunes de l’institut ont décidé de mettre en scène un «Harlem Shake». La dizaine de salafistes venus les en empêcher ont du rebrousser chemin.
Toujours en signe de solidarité, les jeunes du lycée Tahar Sfar, empêchés de réaliser leur «Harlem Shake» dans l’enceinte de l’établissement ont du se déplacer dans la rue où ils ont été accueillis par les bombes lacrymogènes des forces de l’ordre.
Le mouvement s’est même étendu à d’autres établissements avec la mise en scène de vidéos publiées sur Youtube comme pour mettre au défi le ministre de l’Education.
A l’Université de la Manouba, où depuis des incidents entre étudiants et salafistes ont lieu régulièrement, des affrontements ont eu lieu hier, entre un groupe de jeunes voulant filmer le «Harlem Shake» et des militants islamistes, la police ayant été obligée d’intervenir pour les séparer.
La veille à Sidi Bouzid, des élèves du lycée de Regueb ont voulu filmer leur version de cette danse dans leur établissement scolaire. Empêchés par la direction du lycée, ils ont déplacé leur chorégraphie dans la rue où les attendaient des salafistes.
La mobilisation d’aujourd’hui venait en réaction à la décision du ministre à ouvrir une enquête et en signe de solidarité avec les lycéens visés par cette enquête. «A travers cet évènement, nous ne souhaitons offenser ou provoquer personne», ont indiqué les organisateurs à travers un communiqué. «Nous voulons juste défendre notre droit au rêve, à la création, à l’expression et à la joie. Notre démarche est pacifiste et souriante. Nous militons pour bien vivre ensemble, dans le respect de la liberté subjective de chacun».
Après l’appel lancé sur les réseaux sociaux pour la tenue d’un «Harlem Shake» géant aujourd’hui devant le ministère de l’Education, plus de 9000 étudiants avaient promis d’être présents.
Le «Harlem Shake» représente une danse faite par un groupe de personnes souvent vêtues de costumes, se dandinant de manière loufoque sur le morceau «Harlem Shake» du compositeur de musique électronique américain, Baauer. En février 2013 une vidéo sur Youtube d’un groupe d’amis interprétant la chorégraphie est devenu un phénomène mondial. Depuis, un grand nombre de versions existent, cumulant des dizaines de millions de vues. Sur les vidéos de 30 secondes, on peut voir plusieurs personnes déguisées à outrance ou dénudées danser de façon frénétique.
En Tunisie, le «Harlem Shake» a suscité le rejet des islamistes, notamment parce que dans différentes versions tunisiennes, des jeunes y dansent en sous-vêtements et d’autres simulent des actes sexuels.
Mais ce phénomène s’est vite répandu. En Égypte, quatre étudiants qui se sont filmés dansant en sous-vêtements en public sur le «Harlem Shake» ont été arrêtés alors que 70 Égyptiens se sont rassemblés hier, devant le quartier général des Frères musulmans, au Caire, pour une interprétation du «Harlem Shake».
