À quelques jours du 13 août, fête de l’émancipation de la femme, Hamma Hammami, le leader du Parti Ouvrier a fait paraître, hier soir, sur la page officielle du Parti son point de vue concernant le projet d’article constitutionnel relatif aux droits de la femme. Les représentants du mouvement ENNAHDHA au sein de la commission des droits et des libertés ont refusé la proposition émanant de l’opposition en vertu de laquelle « l’État garantit les droits de la femme et préserve ses acquis dans tous les domaines. Il s’interdit de promulguer des lois de nature à les restreindre d’une manière ou d’une autre . L’État veille à éradiquer toute forme de discrimination et de violence morale et physique contre la femme ».
Les partisans du mouvement ont réussi à imposer leur projet qui se limite à la garantie des droits et des acquis de la femme en sa qualité de partenaire et au sein de la famille et prévoit uniquement l’égalité des chances et la lutte contre toute forme de violence contre la femme.
D’après Hamma Hammami, les différences entre les deux projets sont flagrantes. Le projet retenu contient des failles et des lacunes qui autorisent la remise en cause des droits et des libertés de la femme et leur restriction. C’est ainsi qu’ il n’a pas été indiqué dans ce projet l’application de la garantie de l’État à tous les domaines comme le précise explicitement le premier projet. D’un autre côté, la garantie de l’égalité des chances entre les deux sexes a été rattachée à leur complémentarité alors que le principe de l’égalité implique les mêmes droits et devoirs aussi bien à l’intérieur de la famille qu’en société. En outre, le projet ne fait aucune mention de la lutte contre la violence morale et les pratiques discriminatoires au détriment et au mépris de la femme et ne fait pas allusion à l’égalité des droits.
Hamma Hammami considère que cette attitude de la part des partisans du mouvement qui ont accédé au pouvoir grâce à la révolution du 14 janvier à laquelle la femme a participé activement, constitue un détournement des objectifs de cette révolution qui sont fondamentalement la liberté, la dignité et l’égalité entre tous les membres de la société. En voulant imposer leur projet, ils ont démontré que le parti majoritaire au pouvoir est encore sous l’emprise d’une idéologie passéiste qui ne reconnait à la femme que des droits accessoires.
Le leader du parti ouvrier a rappelé, par ailleurs, les engagements du parti ENNAHDHA dans le cadre du mouvement du 18 octobre en souscrivant en mars 2007 à la Déclaration des droits de la femme aux côtés d’autres partis de l’opposition dont il cite le Congrès Pour la République et ETTAKATTOL. Ce document signé par ENNADHA du temps où elle était dans l’opposition et conçu à l’occasion de la journée mondiale de la femme, prévoit une égalité totale entre les deux sexes et la constitutionnalisation des droits de la femme.