De l’inflation Ă 5,1 % ? Après une annĂ©e de crise non stop, on ne pouvait pas aboutir Ă autre chose. Un dinar en berne face Ă toutes les devises de rĂ©fĂ©rence, un circuit de distribution ravagĂ©, une permanence de sit-in(s) et un trafic frontalier incontrĂ´lable, auxquels s’additionnent des cataclysmes exceptionnels… Tout y Ă©tait pour le rĂ©sultat. Une inflation qui se rĂ©pand sur quasiment tous les produits, surtout ceux de la grande consommation, domaine dont le taux d’irritabilitĂ© est le plus critique surtout Ă l’Ă©gard de la gouvernance politique.
Viandes diverses y compris poulets, Ĺ“ufs, etc. ont rĂ©percutĂ© le prix de l’alimentation animale qui connaĂ®t actuellement une hausse sur le marchĂ© mondial sans prĂ©cĂ©dent, et a dĂ©jĂ contaminĂ© les prix des biens alimentaires. L’impact sur nos produits a Ă©tĂ© d’autant plus fort que le dinar dĂ©jĂ timorĂ© ne vaut plus que 50 % face Ă l’euro alors qu’il glisse face au dollar tandis que ses perspectives de paritĂ© sur les positions Ă 6 mois sont nettement Ă la hausse de l’euro sur le marchĂ© interbancaire.
Il est d’autant plus normal que les prix s’envolent que nous sommes en pleine mutation. Ce phĂ©nomène vient de connaĂ®tre une accĂ©lĂ©ration brutale, Ă vue d’œil. L’INS informe que pour le mois de janvier l’inflation a d’ores et dĂ©jĂ dĂ©passĂ© le seuil de 5 %.
Critiquer une fatalitĂ© ne servira Ă rien. Mettez-vous Ă leur place. Certes, ce ne sont pas toujours des spĂ©cialistes mais, Ă vrai dire, les articulations administratives sont toujours de service. Et si dĂ©cision il y a, elle sort des structures habituĂ©es Ă gĂ©rer de tels problèmes avec plus ou moins de fortune. Sauf que cette fois l’Ă©quation est difficile Ă rĂ©soudre.
Sur toute l’annĂ©e 2011, l’indice des prix de vente des producteurs aux grossistes avait dĂ©jĂ progressĂ© de 6,5 %. Certes, nous avons vu un peu partout que les affiches de promotion et les tickets des prix ont admis tout rĂ©cemment quelques concessions, suite Ă l’appel du ministère concernĂ©. Mais cela n’a pas durĂ©. La viande bovine qui a baissĂ© Ă 12,5 DT le vendredi est revenue Ă 16-18 DT. Les tickets, ayant consenties des « affaires » le samedi, ont Ă©tĂ© escamotĂ©es le dimanche, etc. C’est qu’il faut prendre conscience que plus de 80 % des prix sont libres et que la brigade de contrĂ´leurs que le ministère du Commerce pourrait mobiliser, ne fera rien contre les forces naturelles du marchĂ©.
Mettre la faute sur les circuits de distribution qu’on accuse de tous les torts y compris celui de freiner le flux offreur ne paraĂ®t pas justifiĂ©. En gros, on estime que « depuis l’arrivĂ©e des hypermarchĂ©s qui s’approvisionnent directement chez les producteurs, toute l’ancienne architecture de distribution s’est trouvĂ©e disloquĂ©e ».
Sauf que depuis, les « bergeries tranquilles » d’hier ont volĂ© en Ă©clats. C’est que la configuration de la distribution a pris l’image d’une nouvelle architecture oĂą « acheter au plus bas et vendre au plus haut » Ă©tait la rĂ©ponse logique au consumĂ©risme qui naissait dĂ©jĂ en Tunisie. Il faut reconnaĂ®tre cependant qu’a court terme les prix avaient baissĂ© et la consommation avait explosĂ© au point qu’en allant dans un supermarchĂ© on ne sait pas pourquoi on y allait et ce qu’on y achetait, ou que nous ne savons pas pourquoi on a tant achetĂ©.
Aujourd’hui, les circuits de distribution ne se composent plus que de trois intervenants Ă savoir producteurs-« sup-hypermarchĂ©s »-consommateurs, qui, en revanche, peuvent se mettre d’accord pour choisir le rythme et la cadence de la distribution. C’est lĂ que rĂ©side le danger. Souvenez-vous de l’eau en Ă©tĂ© et du lait lors de Ramadan. Il a suffit que le ministère envisage d’en importer pour que les produits rĂ©-abondent quasi automatiquement sur les Ă©tals.
Mais le ver est dĂ©jĂ dans la pomme. « L’épicier du coin qui constituait le maillon du dĂ©taillant s’approvisionne dĂ©sormais directement et fait ses propres marges Ă partir du prix de l’hyper ». Les statistiques nous permettent de constater l’importante diffĂ©rence de prix aux diffĂ©rents stades de la nouvelle chaĂ®ne de distribution. Jusqu’Ă ce « Jerbi » s’approvisionnant chez les hyper et qui reste le plus cher en finale… A vrai dire, nous avons notre part de responsabilitĂ© dans cette inflation oĂą il nous faut apprendre Ă maitriser nos pulsions.
