La création du fonds controversé pour l’indemnisation des victimes de l’ancien régime (encore faudrait-il clairement définir ce qu’est une victime et ce qu’elle peut être en droit d’attendre au nom de la réparation) fait couler de plus en plus d’encre et de salive.
Pour les uns, il s’agit d’un droit légitime aux réparations via un fonds alimenté par des dons. Pour les autres, il s’agit d’un tour de passe-passe qui finira, un jour ou l’autre, par grever le budget national.
A chacun son point de vue dans une ambiance de débat passionné ! Ce qui interpelle toutefois, c’est dans le cas du Fonds El Karama sa similitude avec le désormais honni 26-26 institué par Ben Ali pour, disait-on, soutenir le développement des régions défavorisées.
Après un an ou deux durant lesquels, il a fait illusion, le Fonds 26-26 s’était transformé en outil de prédation. Qu’en sera-t-il pour le fonds nahdhaoui dont la création a été votée en catimini et qualifiée de « hold-up à l’aube » ?
Ce fonds flou, à l’identité fortement partisane pourrait vite connaitre les mêmes dérives que le 26-26 si son financement, sa gestion et ses interventions ne se déroulent pas dans la transparence.
Décidément, ce néo 26-26 est un signe des temps qui voient Ennahdha se comporter en parti unique, se mimer en néo-RCD en adoptant l’attitude arrogante du clan Ben Ali.
Un peu plus de dignité ne nuirait à personne, surtout lorsqu’il s’agit d’indemniser des victimes avérées. Les jours prochains nous montreront le destin de ce fonds qui est aussi un hold-up de la notion de dignité qui fut le label de la révolution.
Si pareil fonds mérite d être institué, c’est le procédé de sa création et le flou qui l’entoure qui inquiètent.