Dans une interview accordée à l’agence de presse turque Al Anadhoul, Abdelfattah Mourou, vice-président d’Ennahdha plaide pour l’intégration de Nidaa Tounes dans un gouvernement d’union.
Décidément Abdelfattah Mourou nous surprendra toujours par ses prises de positions, aux antipodes de celles de son parti. Après ses déclarations, vite démenties, au magazine Marianne, le membre fondateur d’Ennahdha, vient de lancer une proposition qui en fera rugir plus d’un au sein de son parti.
Au cours d’une interview qu’il a accordée à l’agence de presse turque Al Anadhoul, Cheikh Mourou estime que l’intégration de Nidaa Tounes dans le prochain gouvernement pourrait constituer une sortie de crise pour le pays. «Le politicien ne doit pas recourir à l’exclusion même quand cela concerne Nidaa», déclare-t-il, justifiant sa position par le fait que le parti de Beji Caïd Essebsi est un parti reconnu en Tunisie et disposant de toutes les autorisations légales nécessaires.
Le vice-président d’Ennahdha, ne s’arrête pas là. Selon lui, les islamistes ont commis l’erreur de vouloir gouverner durant cette phase transitoire, précisant qu’il aurait mieux valu qu’ils restent en dehors du pouvoir pour une période de 5 à 10 ans, afin de «normaliser leur existence au sein de la société, qu’ils gagnent l’acceptation des gens, pour ensuite se présenter au pouvoir dans une étape ultérieure.».
Ennahdha étant déjà dans l’exercice du pouvoir, Abdelfattah Mourou, juge indispensable la formation de compétences au sein du parti. Des cadres savant manier l’art politique et la gouvernance afin de prendre les décisions les plus adéquates.
Enfin, évoquant l’extrémisme religieux qui règne dans le pays, il souligne l’importance de la Zitouna, estimant que seule une reforme de celle-ci peut lui redonner son prestige et son rayonnement. «La Zitouna est un réservoir de savoir islamique capable d’affronter le courant extrémiste qui menace notre pays.»
Une fois encore, Cheikh Mourou prend son parti à contre-pied dans une interview accordée à un média étranger, marquant sa différence avec la ligne d’Ennahdha et pointant du doigt ses carences. On attend maintenant le démenti.