Faika est aujourd’hui une figure lĂ©gendaire de la radio tunisienne et plus prĂ©cisĂ©ment de la chaine internationale dont elle fut longtemps le cĹ“ur battant.
Une longue et belle carrière
De son vrai nom Dalila Mellouli, Faika avait rejoint la radio très jeune et avait fait ses premières armes auprès des tĂ©nors de l’Ă©poque. Aux cĂ´tĂ©s de Marcel Ettore, Claire Hercellin ou Serge Erich et GĂ©rard Aumont, la jeune Faika s’Ă©tait peu Ă peu affirmĂ© puis produira avec Maurice Audran une Ă©mission devenue mythique dans l’histoire de RTCI.
Il s’agit de « Cabaret, fumĂ©e bleue et champagne rose » qui fut l’une des plus belles oeuvres radiophoniques de Faika. Avant de se consacrer au Concert des auditeurs, Faika avait signĂ© plusieurs Ă©missions culturelles, notamment « Entretien Ă mi-voix » dans le cadre de laquelle elle reçut aussi bien Michel Foucault que Jean Duvignaud, aussi bien Maurice Druon que Jacques Chancel.
Tous les grands noms de la chanson
A l’Ă©poque, la fĂŞte musicale se dĂ©ployait dans des espaces aujourd’hui oubliĂ©s comme l’Hacienda de Carthage, le Casino du BelvĂ©dère ou la Tour Blanche de Gammarth. Au fil des ans, Faika recevra ainsi tous les grands artistes de passage Ă l’image de Mouloudji, Dalida, Aznavour, Patachou ou BĂ©caud.
Une vie consacrée à la radio laisse nécessairement un sillage de musique et de mots choisis. Tel fut le parcours de Faika qui, entre autres émissions, produisit « Invitation au voyage » avec Hamadi Ben Mabrouk.
Une savoureuse langue française
Les plus jeunes des auditeurs de RTCI n’ont pas connu Hamadi Ben Mabrouk, un intellectuel qui avait Ă©tĂ© appelĂ© Ă la rescousse pour lancer Tunis 2 Ă l’Ă©poque oĂą la radio venait d’ĂŞtre nationalisĂ©e, Ă l’orĂ©e des annĂ©es soixante, en pleine naissance de la Tunisie indĂ©pendante.
J’ai connu Hamadi Ben Mabrouk assez tard. Il Ă©tait alors aux portes de la retraite et n’assurait plus que quelques billets dans une langue savoureuse et un français qu’il manipulait avec une incroyable aisance et une faconde qu’on ne fait plus.
De cette pĂ©riode, lorsque je faisais mes tout premiers pas Ă la radio, je garde aussi le souvenir de Abdelmajid Tlatli et celui de Mahmoud Bouali. Le premier Ă©tait Ă©crivain et le second mĂ©morialiste; l’un Ă©crivait les billets du samedi et l’autre les Ă©phĂ©mĂ©rides matinales.
Hamadi Ben Mabrouk, pour sa part, écrivait aussi des articles pour la Revue de la Radio et faisait quotidiennement la navette depuis Menzel Bourguiba.
Un des fondateurs des JCCSon Ă©mission la plus rĂ©putĂ©e est incontestablement « A l’orĂ©e des ombres » qui traitait de cinĂ©ma. D’ailleurs, Hamadi Ben Mabrouk Ă©tait l’un des fondateurs des JournĂ©es cinĂ©matographiques de Carthage avec Tahar Cheriaa, Mustapha Nagbou et tous les autres. Critique culturel, il a beaucoup Ă©crit et fut membre actif de la FĂ©dĂ©ration internationale de la presse cinĂ©matographique.
NĂ© en 1928, disparu en 1999, il mĂ©riterait qu’on se souvienne de lui lors de ces JCC du cinquantenaire, lui qui fut de la gĂ©nĂ©ration qui donna corps Ă ce rĂŞve de cinĂ©ma.
Quant au Panthéon de la radio, il y figure en bonne place en compagnie de Faika qui fut de la même génération et décédera en 2003.
H.B.
