Je lis avec une stupéfaction mêlée de consternation, ce post de Hacem Kamoun qui dénonce la situation absurde dans laquelle naviguent huit jeunes lycéens internes dans un établissement de Sfax. On dirait que c’est un cauchemar bureaucratique que subissent ces enfants qui ne mangeraient pas à leur faim. Lisons plutôt la correspondance de Hacem Kamoun qui a mis cette triste affaire en lumière.
« Ils sont huit élèves internes dans un lycée réputé de Sfax .
Pendant ce mois saint de Ramadan, ils ont reçu une qualité catastrophique dans le menu de rupture du jeûne, et cela a été signalé par une responsable du dit lycée.
Répondant à l’appel de certaines personnes qui m’ont contacté, je suis allé au lycée pour offrir l’aide qu’il faut à ces élèves.
Le directeur de l’établissement, très aimable, m’a fait savoir que cela n’était pas dans son champ d’action et qu’il devait passer par un office régional qui s’occupe de ces choses-là !
La « loi » impose aux administrateurs des lycées de ne pas intervenir dans ce qu’offre l’office, pour éliminer tout risque de corruption.
J’ai pu contacter des professeurs et des élèves abattus parce qu’on les empêche de soutenir les élèves internes.
Un professeur a proposé de prendre les huit élèves chez lui pour partager son iftar mais cela a été refusé. Un autre a proposé de ramener huit iftars au lycée. Encore un refus.
Un groupe d’enseignants a proposé que chacun d’eux prenne en charge un élève de la façon qui convient le plus à l’administration. Mais de nouveau niet.
Les élèves se sont proposés de venir accompagner leurs amis internes durant l’iftar, et ils prenaient en charge la rupture du jeûne de leurs camarades, cela aussi a été refusé.
Les initiatives émanant de partout sont nombreuses mais aucune n’a abouti pour un problème de respect de la loi et de peur de soupçons de corruption.
En attendant, huit élèves ont faim, mangent mal et certains d’entre eux ont du s’absenter des cours.
La seule préoccupation de l’administration demeure de trouver une punition convenable à la surveillante qui a osé dévoiler le calvaire des élèves internes de ce lycée public. »
Je ne ferai pas d’appel au président de la République, au ministre de tutelle ou au directeur de l’office pour que les choses changent.
J’ai conscience que c’est une façon de concevoir l’administration qui est à changer.
Entre temps, on a appris à ces élèves, à leurs amis et aussi à leurs professeurs, comment haïr l’école publique et pourquoi il faut tout tenter pour quitter ce pays qui s’appelle la Tunisie ! »
Incroyable mais vrai. Souhaitons que cet imbroglio ait trouvé une solution. Quant à la bureaucratie, elle peut se nicher là où on l’attend le moins.