Dans une décision inédite qui pourrait bouleverser les flux touristiques vers les États-Unis, le Département d’État américain a annoncé la mise en place, dès le 20 août prochain, d’un programme pilote exigeant des ressortissants de certains pays une caution pouvant atteindre 15 000 dollars pour l’obtention d’un visa touristique (B-2) ou d’affaires (B-1).
Cette mesure, qui concernera environ 2 000 demandeurs, s’inscrit dans un objectif de réduction des dépassements de durée de séjour (overstay), un phénomène qui a concerné plus d’un demi-million de personnes en 2023 selon les autorités américaines.
Des montants dissuasifs, mais remboursables
Les montants exigés varient de 5 000 à 15 000 dollars, fixés au cas par cas par les consulats américains à l’étranger. La somme, versée sous forme de dépôt remboursable, sera restituée au voyageur à condition qu’il respecte les termes de son visa, notamment la durée autorisée de séjour. En revanche, toute infraction entraînera la confiscation de la caution.
Cette disposition vise prioritairement les pays dont les ressortissants affichent un taux élevé de dépassement de séjour, ou ceux offrant des programmes de citoyenneté sans obligation de résidence. La liste des pays concernés sera rendue publique quinze jours avant l’entrée en vigueur du programme.
Une mesure critiquée mais ciblée
Les citoyens des pays membres du Visa Waiver Program — qui permet des séjours de 90 jours sans visa — ne sont pas concernés. Toutefois, plusieurs observateurs estiment que cette mesure pourrait avoir un effet dissuasif sur les voyageurs issus de pays en développement, en raison du coût élevé de la caution.
Outre cette garantie financière, le gouvernement américain a également prévu l’instauration prochaine d’une « Visa Integrity Fee » de 250 dollars, non remboursable, destinée à renforcer la sécurité migratoire.
Pour Washington, il s’agit de responsabiliser les demandeurs de visa et de réduire les abus du système migratoire. Mais pour certains pays visés, cette politique pourrait être perçue comme discriminatoire ou pénalisante, notamment pour les familles ou les jeunes professionnels.
Alors que les États-Unis cherchent à renforcer le contrôle de leurs frontières sans fermer totalement la porte aux visiteurs, cette nouvelle approche marque un tournant dans la diplomatie des visas, au risque de susciter tensions et incompréhensions.