Les déclarations de Steven Witkoff, envoyé spécial américain au Moyen-Orient, lors du gala de l’organisation United Hatzalah à New York mercredi 5 juin 2024, ont provoqué un tollé diplomatique révélateur. En affirmant que Donald Trump « pourrait être le premier président en exercice qui pourrait être Premier ministre d’Israël en même temps », Witkoff a involontairement mis en lumière l’inversion des rapports de force entre Washington et Tel Aviv. Plusieurs médias, dont The Times of Israel, ont largement relayé ces propos, qui illustrent crûment la réalité géopolitique actuelle.
L’analyse de cette déclaration révèle une vérité dérangeante : si l’on inverse la lecture de la phrase, on obtient que « Netanyahu pourrait être Premier ministre d’Israël et président des États-Unis en même temps », ce qui décrit avec une précision troublante l’influence réelle exercée par le dirigeant israélien sur les décisions américaines. Les tentatives de l’administration Trump pour minimiser ces propos ne font qu’aggraver une situation déjà compromise, dévoilant l’embarras de Washington face à cette vérité involontairement exprimée.
Les propos de Witkoff sur l’Iran confirment cette analyse. En reprenant mot pour mot la rhétorique israélienne sur l’interdiction totale d’enrichissement d’uranium, l’envoyé américain illustre comment la politique américaine au Moyen-Orient s’est progressivement alignée sur les priorités de Tel Aviv, au détriment des intérêts géopolitiques américains traditionnels. Cette position maximaliste, allant bien au-delà des positions historiques de Washington, montre l’ampleur de l’influence israélienne sur les choix stratégiques américains.
L’évacuation du personnel diplomatique de Bagdad et l’alerte maximale dans les bases américaines du Moyen-Orient confirment que les États-Unis subissent désormais les conséquences d’une politique qu’ils ne maîtrisent plus vraiment. Les 2 500 soldats américains en Irak deviennent les victimes collatérales d’une stratégie dictée depuis Tel Aviv, tandis que la diplomatie américaine se contente de justifier a posteriori des décisions prises ailleurs.
Le lapsus de Witkoff révèle donc une réalité géopolitique longtemps niée : dans le tandem États-Unis/Israël, c’est désormais le partenaire junior qui dicte sa conduite au partenaire senior. Cette inversion des rôles, passée sous silence à Washington, apparaît aujourd’hui au grand jour, à travers les maladresses d’un envoyé spécial trop zélé. Les déclarations du 5 juin 2024 marquent peut-être un tournant dans la perception publique des relations américano-israéliennes, ouvrant une brèche dans le discours officiel et contraignant Washington à une remise en cause nécessaire de ses priorités régionales.