L’information fait actuellement grand bruit en Europe. L’Italie œuvre à mettre en place un blocus naval armé aux frontières tunisiennes. Une décision considérée comme un acte de guerre par certains défenseurs des droits humains en Europe. D’ailleurs, le report de la visite d’une commission européenne en Tunisie interviendrait pour cette raison.
Ce n’est qu’un secret de polichinelle, l’Italie affirme œuvrer pour bloquer l’accès des migrants à ses frontières maritimes. Alors qu’il y a une semaine, Giorgia Meloni avait lancé un appel direct à l’UE et parle d’une situation d’urgence à Lampedusa, son ministre de l’Intérieur évoque explicitement la lourde mesure de mettre en place un blocus naval armé.
Giorgia Meloni souhaite une « mission européenne, y compris une mission navale si nécessaire » pour empêcher les bateaux de migrants d’atteindre l’Italie.
Un blocus naval, qui refoulerait réfugiés comme migrants économiques au risque de mettre leurs vies en péril, serait contraire au droit international. Contraire aussi aux valeurs de l’UE.
« Un blocus naval n’est pas une opération menée en temps de paix. Un blocus naval ne se produit, comme on l’entend actuellement, que pendant un conflit armé international », prévient Phillip Drew, doyen adjoint de la Queen’s University et auteur du livre The Law of Maritime Blockade.
« Une partie de l’exigence d’un blocus est qu’il bloque tout. Aucun navire n’entre, aucun navire ne sort. Peu importe leur intention. Peu importe qui les possède. Étant donné que l’Italie et la Tunisie sont loin d’un conflit armé – en fait, les deux pays sont liés par un nouveau protocole d’accord – un blocus naval est hors de question, affirme Phillip Drew, qui estime que « l’utilisation de cette terminologie est malheureuse », dit-il cité par Euronews.
Mais toujours selon la même source, l’intervention devrait être menée le plus près possible des côtes tunisiennes, voire à l’intérieur de celles-ci, afin d’empêcher les navires de partir. Quelle position pour la Tunisie ? Actuellement, Tunis ne n’est pas exprimé sur cette éventuelle opération armée envisagée à ses frontières. Mais le torchon brûle toujours entre les deux parties, en dépit de la signature d’un accord de partenariat en août dernier.
S’agirait-il de relancer Mare Nostrum, l’opération militaro-humanitaire portée par Rome en 2013, après le meurtrier naufrage au large de Lampedusa (366 morts) ? Un plan remplacé l’année suivante par Triton, sous la houlette des garde-frontières européens de Frontex. Puis par Sophia (2015-2019), autre opération italienne visant les passeurs…