Depuis deux ans, la situation sociale est de plus en plus tendue dans la vallée du M’zab, cette région séculaire du sud algérien profond, naguère prospère, théâtre souvent de heurts récurrents – mais jamais d’une ampleur meurtrière – entre les berbères de rite ibadite et des Arabes aux relents salafistes.
Le conflit avait éclaté une première fois de manière sanglante en 2013 au sujet d’intérêts fonciers, les Mozabites reprochant aux Arabes, plus nombreux et arrogants, de se saisir « de gré ou de force » de leur patrimoine, mettant en danger leur système éducatif, économique et moral, fondé sur la structure millénaire des Azzaba.
Les Berbères de Gardaya, capitale de la vallée du M’zab, ne sont pas dans une stricte orthodoxie religieuse, du moins du point de vue des Arabes sunnites. Pour qui les Mozabites seraient porteurs « d’une sorte de religion résiduelle qui les rendrait moins légitimes que d’autres », disent plusieurs observateurs.
Une question se pose : comment un pays où rien n’échappe au maillage de la police a-t-il pu laisser faire ce massacre des autochtones, de tout temps d’excellents commerçants, puritains et réservés, alors que les compagnies de CRS étaient déployées depuis longtemps sur cette zone ?
« C’est une passivité totalement coupable des forces sécuritaires, qui correspond à ce que pense l’Etat profond algérien de la minorité mozabite », analyse un autre observateur de la zone sahélienne, qui met quand même en exergue la proximité légendaire du président Bouteflika avec les Mozabites, sel de la terre algérienne, argentiers du FLN au temps de la lutte contre l’occupant français.
Imededdine boulaâba