Le message est clair, bien que formulé avec prudence diplomatique. Dans un communiqué officiel, le ministère égyptien des Affaires étrangères la rappelé les conditions strictes d’accès à la zone frontalière de Gaza, sans mentionner explicitement la « Caravane Essoumod », convoi militant tunisien de solidarité internationale censé rallier la bande de Gaza via Rafah. Le texte, publié dans un contexte de forte pression internationale pour briser le blocus, sonne pourtant comme un refus poli à l’égard de cette initiative symbolique.
Le communiqué débute par un accueil chaleureux aux positions régionales et internationales soutenant les droits des Palestiniens et dénonçant « le siège, la famine et les violations israéliennes systématiques ». L’Égypte y affirme aussi continuer à œuvrer à tous les niveaux pour mettre fin à l’agression israélienne sur Gaza et soulager la catastrophe humanitaire qui touche plus de deux millions de personnes.
Mais cette solidarité affichée s’accompagne de rappels fermes aux règles administratives en vigueur. Toute délégation étrangère souhaitant se rendre dans la région frontalière (notamment à Al-Arich et au poste de Rafah) doit impérativement obtenir une autorisation préalable, via les canaux officiels : soit par les ambassades égyptiennes à l’étranger, soit par les ambassades étrangères au Caire ou directement auprès du ministère des Affaires étrangères égyptien.
La suite du communiqué ne laisse guère de place à l’interprétation : aucune demande ne sera examinée en dehors du cadre réglementaire strict mis en place depuis le début de la guerre sur Gaza. Autrement dit, les initiatives citoyennes, militantes ou informelles comme la Caravane Essoumod, sont exclues du dispositif. Le Caire invoque ici des raisons de sécurité : la situation à la frontière serait trop délicate pour permettre des mouvements non contrôlés.
Il est également précisé que des visites d’organisations gouvernementales ou de défense des droits humains ont déjà été autorisées, mais dans le respect strict de ces procédures. Toute tentative de contournement sera donc automatiquement rejetée.
Une diplomatie prudente, un verrou maintenu
À travers cette mise au point, l’Égypte cherche à préserver son image de médiateur incontournable dans le conflit, tout en maintenant fermement son contrôle sur le seul point de passage non israélien vers Gaza. Elle rappelle enfin que la pression doit s’exercer sur Israël pour lever le blocus et ouvrir les autres points d’accès humanitaires, renvoyant ainsi la responsabilité principale à Tel-Aviv.
Mais en réaffirmant ces conditions restrictives, l’Égypte verrouille de fait le passage aux initiatives de solidarité citoyenne, qu’elle juge potentiellement embarrassantes ou incontrôlables sur le terrain diplomatique.