En juin 2015, l’Arabie saoudite a « célébré » sa centième décapitation de l’année. Aucun média arabe n’en a parlé. Même les médias internationaux sont restés muets. Si cela s’était passé dans un autre pays, cela aurait défrayé autant la toile que les médias classiques. Et là, le silence médiatique est assourdissant.
Comment est-ce possible ?
La réponse se trouve dans les fameuses dépêches de Wilkileaks. L’Arabie saoudite veut à tout prix maintenir une image positive du pays sur la scène internationale donc le contrôle de son image à l’extérieur est essentiel. Elle a trouvé le moyen de contrôler les médias via un procédé nommé officiellement dans les leaks « neutralisation et confinement ».
Cela consiste en une surveillance continue de ce qui est publié dans le monde et le cas échéant, s’acheter la loyauté des médias, en acquérant par exemple des milliers d’abonnements dans des publications ciblées. Ce qui donne une presse plus que complaisante.
«Contenir» et «Neutraliser»
La réaction initiale à toute couverture négative dans les médias régionaux est de « neutraliser ». Le terme est souvent utilisé dans les câbles dévoilés et s’applique aussi bien à des journalistes à titre individuel qu’à des institutions médiatiques. On « achète » le silence.
Dans ce cas, il ne s’agit pas de faire l’éloge du royaume saoudien ni même de prendre sa défense mais simplement de garder le silence sur ce qui s’y passe et que l’opinion internationale jugerait en violation avec les droits de l’homme. On évite toute critique du régime.
Le « confinement », par contre, est utilisé quand l’Arabie saoudite a besoin de redorer son blason. Les journalistes et les médias sont non seulement censés chanter les louanges du royaume, mais aussi le défendre bec et ongles contre toute attaque médiatique.
Si le confinement ne suffit pas à stopper les critiques, l’Arabie Saoudite monte alors d’un cran et va vers l’affrontement (toujours selon les câbles Wikileaks).
Pour prendre un exemple concret, quand la chaîne iranienne d’informations an langue arabe, Al Alam n’a pas voulu céder aux pressions et changer le contenu de ses diffusions, la consigne était carrément d’affaiblir son signal de diffusion.
D’autres documents indiquent que l’Arabie saoudite était très préoccupée par les bouleversements sociaux du printemps arabe et par le fait que, selon eux, la couverture médiatique des événements était « tirée par l’opinion publique au lieu de conduire l’opinion publique ».
D’ailleurs, dans ce sens, l’Arabie Saoudite a décidé d’accorder un soutien financier aux institutions de médias influents en Tunisie, considérée le berceau du «printemps arabe».