Ils ont un jour décidé de tout quitter, famille, amis, études, travail pour s’engager dans l’une des organisations terroristes les plus effrayantes dans le monde. Mais eux, ne voyaient pas ça comme ça.
Ils pensaient aller défendre la veuve et l’orphelin, protéger les civils du régime syrien, défendre les valeurs de l’Islam. Aujourd’hui, ce sont des déserteurs. Ils ont quitté Daech. Et ils seraient de plus en plus nombreux.
L’International Centre for the Study of Radicalization and Political Violence (ICSR) a publié cette semaine les témoignages de ces combattants qui quittent soudainement les rangs de l’EI.
Ils croyaient se battre contre l’armée de Bashar Al Assad, ils se retrouvent à combattre d’autres rebelles, qui pourtant combattent le même ennemi juste parce qu’ils sont sunnites. Ce qui du point de vue de l’Islam est inacceptable.
Et ce qui nuit à la cause première pour laquelle ils se sont engagés, le renversement de l’Etat syrien. Ils se sentent trahis et questionnent les motivations de Daech, venant à douter carrément de la sincérité de l’organisation. Surtout qu’ils ont été recrutés sur la base du renversement de Bashar, ce qui a l’air d’être de moins en moins une priorité pour l’EI.
«Daech tue les musulmans au lieu de les protéger. L’État islamique tue toute personne qui dit «non», tout le monde doit être avec eux»
Ces ex-convaincus ont été aussi extrêmement choqués par la brutalité de l’organisation à l’égard des civils. Ils racontent qu’il n’y avait aucune considération pour les civils, y compris les femmes et les enfants. Les otages étaient exécutés arbitrairement, sans aucune raison valable.
Ces déçus de Daech croyant former une armée sacrée se retrouvent complètement à l’opposé des préceptes de l’Islam.
«En Syrie ou en Irak, aucun imam, aucune école coranique ne t’accueille quand tu arrives.»
Beaucoup se sentent perdus ou trahis comme ces deux jeunes fraîchement arrivés et à qui on a assigné tout de suite un attentat-suicide. Ils ont préféré s’enfuir.
Peter Neuman, directeur de l’ICSR, veut diffuser ces témoignages à grande échelle afin de court-circuiter la propagande de l’EI.
S.B