Au restaurant El Abed, côtelettes et poissons grillés rassemblent depuis plus de soixante-dix ans.
Au souk El Sakkagine qui se trouve entre les drapiers et les artisans selliers, Salah est connu de tous mais sous le prénom de Mourad. Il porte bien ses deux prénoms et, dans une noria de gestes, il grille à la perfection poissons et côtelettes d’agneau au célèbre restaurant El Abed.
Cette enseigne de la médina de Tunis a une longue histoire qui commence en 1953. Il y a plus de soixante-dix ans, deux compères, de véritables frères, avaient fondé ce restaurant.
Aujourd’hui, Mohamed Salah El Abed et Hassen Gharbi ne sont plus là et ce sont Fathi et Tarek, leurs fils respectifs qui entretiennent la flamme.
Imperturbable devant son grill, Salah veille à la cuisson des produits qui ont fait la réputation de cette enseigne où l’on vient de loin pour goûter les grillades.
Plusieurs heures d’affilée, Salah, le regard plongé sur l’âtre, dépose délicatement viande et poisson et les en retire toujours au bon moment.
Au milieu des crépitements du feu et des fumets qui l’entourent comme un encens gourmand, Salah ressemble autant à un Vulcain des aromates qu’à un jongleur aux côtelettes.
Immuable, au seuil de son open kitchen, devant son grill d’antan, Salah observe les braises rougeoyantes et apprête les mets du jour.