(Beyrouth, Liban) Après le succès du 15 mai, la commission d’organisation de la marche du retour en Palestine avait annoncĂ© une deuxième action pour le 5 juin. La marche vers les frontières sud du Liban n’a finalement pas eu lieu.
Un activiste palestinien hautement impliquĂ© dans l’organisation, sous couvert d’anonymat, a expliquĂ© Ă webdo les raisons de l’annulation de la manifestation et a exposĂ© la suite des actions.
“L’Etat libanais et l’armĂ©e ont dĂ©clarĂ© la rĂ©gion frontalière zone militaire fermĂ©e. Personne ne peut y accĂ©der sans une autorisation prĂ©alable. Nous ne souhaitons pas affronter l’armĂ©e libanaise qui est de notre cĂ´tĂ© dans la luttre contre notre ennemi commun”. Il a Ă©galement expliquĂ© qu’il ne s’agissait pas d’une annulation mais d’un simple report.
La manifestation du 15 mai a, quant Ă elle, Ă©tĂ© en partie parrainĂ©e par le Hezbollah, qui a garantit l’obtention de l’autorisation de manifester. L’activiste a prĂ©cisĂ© que le parti de Hassan Nasrallah a “contribuĂ© au bon dĂ©roulement de la marche en offrant nourriture et aide mĂ©dicale. Le parti est prĂ©sent dans ces rĂ©gions et a aidé”.
Pour cette fois, le Hezbollah n’a pas Ă©tĂ© de grand secours dans l’obtention du permis de manifester, notamment en l’absence d’un gouvernement au Liban.
A Beyrouth, on dit qu’en cette situation politique instable, personne ne veut prendre en charge la responsabilitĂ© d’une nouvelle action d’envergure qui causerait encore des morts parmi les Palestiniens et qui pourrait aller jusqu’Ă dĂ©clencher une nouvelle guerre.
Mini manifestations dans les camps
D’autre part, le 5 juin, plusieurs manifestations ont eu lieu, essentiellement, dans les camps palestiniens. Il s’agissait surtout de rassemblements dans les camps palestiniens.
Au camp Mar Elyas, Ă Beyrouth, un artiste palestinien a exposĂ© des photos de villes palestiniennes, essentiellement la sienne, Jaffa, dans un dĂ©cor d’oranges, fruit qui a rendu sa ville cĂ©lèbre.
Seul un petit groupe d’une vingtaine de personnes (17 Libanais et 3 Palestiniens) a pu atteindre les frontières. Assad Abou Rached, l’un des 20 jeunes, racontant le voyage Ă webdo, a affirmĂ© avoir traversĂ© 27 points de contrĂ´le de l’armĂ©e. “Nous avions cachĂ© nos drapeaux et keffiehs. Nous disions que nous faisons un pique-nique”. A l’un des derniers checkpoints, c’est Samir Kintar, doyen des prisonniers palestiniens en IsraĂ«l, qui est intervenu pour que le groupe puisse atteindre les frontières pour quelques minutes. Ils ont ensuite rebroussĂ© chemin vers Sayda, sous escorte de l’armĂ©e.
“Il y avait le mĂŞme dĂ©ploiement des forces armĂ©e libanaises qu’au 15 mai. Mais nous n’Ă©tions que 20 personnes cette fois, il y avait 300 soldats devant nous”.
Effet de la Tunisie
Quant Ă l’influence du printemps arabe sur la rĂ©sistance palestinienne, l’activiste palestinien a confirmĂ© qu’elle s’est dotĂ©e d’un nouvel esprit inspirĂ© des rĂ©volutions arabes. “Il est vrai que les rĂ©volutions ont inspirĂ© les Palestiniens et surtout les jeunes et mĂŞme les très jeunes”, tout en prĂ©cisant : “je ne vois que les rĂ©volutions tunisienne et Ă©gyptienne comme source d’inspirations. Les autres ont dĂ©viĂ© du bon chemin.”
“Les jeunes dans les camps ont suivi ce qui se passait en Tunisie oĂą La jeunesse voulait vivre mieux. Les jeunes palestiniens se sont demandĂ© pourquoi ils ne bougent pas Ă leur tour pour revendiquer leurs droits, dĂ©jĂ garantie par des dĂ©cisions internationales depuis mĂŞme 1948. Leur droit est d’autant plus juste”
L’un des slogans principaux des manifestations en Tunisie Ă©tait “Travail, libertĂ©, dignitĂ© nationale”. L’activiste a mis l’accent sur la dignitĂ©. “Nous voulons la mĂŞme chose. Nous vivons dans des camps, Ă l’Ă©tranger. C’est pire qu’en Tunisie et en Égypte. Nous voulons vivre mieux certes, mais dans notre pays d’abord”.