La presse française s’en réjouit d’avance, «Le champion de boxe Brahim Asloum renoue avec le ring, remet ses gants de boxe, sur grand écran où il incarne Victor Perez, un boxeur juif d’origine arabe déporté pendant la Seconde Guerre mondiale.»
«Victor Young Perez» un film historique de Jacques Ouaniche dont la date de sortie en France est prévue pour le 20 novembre prochain, est le film tant attendu qui retrace la vie de ce boxeur au destin hors norme.
«136 combats, 91 victoires dont 27 par KO, Champion du monde des poids mouches, est sur le ring. En face de lui Kurtz, le soldat allemand ; 20 centimètres et 20 kilos de plus que lui. Autour de lui les cheminées des fours crématoires recrachent les cendres de ses camarades d’infortune.
Et pourtant, encouragé par son frère Benjamin déporté lui aussi et par des milliers de regards muets, Victor, ce petit juif arabe, tiendra tête à ces monstres durant quinze rounds. Pendant l’enfer de ce combat, Victor verra défiler sa vie : sa Jeunesse insouciante à Tunis avec Rachid, Maxo et Benjamin.
Il y retrouvera l’amour avec la bellissime Mireille. Il revivra sa gloire et sa descente aux enfers, enfer bien agréable à côté de l’indicible dans lequel les coups de Kurtz le ramèneront.»Le synopsis en dit long sur l’angle que va traiter le film… C’est l’histoire d’un juif d’origine ARABE (et non tunisienne) ayant connu une jeunesse insouciante à Tunis.
Pourtant, Victor Perez était plus qu’un juif qui a vécu sa jeunesse à Tunis. Victor était le boxeur qui a gagné le championnat du monde en 1931, accueilli à son retour par des milliers de Tunisiens à la Goulette d’un accueil digne d’un conquérant, reçu par le Bey, décoré de «Nichen Iftikhar», la plus haute décoration de la Tunisie sous la colonisation française.
Victor Perez était le nom qu’on donnait aussi au petit stade qui, plus tard à l’occasion des Jeux Olympiques de 1967, disparut pour laisser construire le stade olympique d’El Menzah.
Pourtant, le 7 octobre 1997, à l’Institut national du sport et de l’éducation physique, situé sur l’avenue du Tremblay dans le 12e arrondissement de Paris, une plaque commémorative est apposée dans la salle de boxe, baptisée dès lors salle Young-Perez :
«A la mémoire de Young (Victor) Perez, grand sportif français,
champion du monde poids mouches de boxe en 1931
A l’âge de vingt ans, victime des lois raciales du gouvernement de Vichy,
Juif déporté le 7 octobre 1943 à Auschwitz, assassiné par les nazis le 22 janvier 1945»
Il est présenté faussement comme boxeur français… À qui la faute ?
Certainement à une patrie qui oublie ses enfants. A une patrie sans mémoire.
Lui en voudra-t-on de renier des enfants chômeurs, «loosers», mangés par les poissons, tués par les Harraga, alors qu’elle oublie une «fierté» ?
Non, certainement pas !
Hazar ABIDI