Après une semaine intense rythmée par des projections, des rencontres, des panels et des masterclasses, la quatrième édition du Festival International du Film de la Mer Rouge (RSIFF) s’est conclue en apothéose. La cérémonie de clôture, qui s’est déroulée dans la majestueuse ville de Jeddah, a rassemblé un parterre de stars internationales, dont les Tunisiens Dhafer L’Abidine et Dorra Zarrouk, les Américains Johnny Depp et Sarah Jessica Parker, l’Italien Riccardo Scamarcio, la Libanaise Maguy Bou Ghosn, ainsi que les Égyptiens Mai Omar, Maged El Masry et Omar El Shenawy.
Cette édition mémorable a consacré le cinéma tunisien, avec Les Enfants Rouges de Lotfi Achour, qui a remporté les deux récompenses les plus prestigieuses : le Yusr d’Or du Meilleur Film et le Prix de la Meilleure Réalisation. Ces distinctions ont été décernées par un jury international présidé par le réalisateur américain Spike Lee et composé de personnalités influentes telles qu’Abu Bakr Shawky (réalisateur égyptien), Tûba Büyüküstün (actrice turque), Minnie Driver (actrice britannique) et Daniel Dae Kim (acteur et producteur américain).
Un discours émouvant pour un anniversaire inoubliable
Lorsque Lotfi Achour est monté sur scène pour recevoir ses prix, l’émotion était palpable. Le réalisateur a déclaré, avec une pointe de joie et d’émotion : « Aujourd’hui, c’est mon anniversaire, et je ne pouvais rêver d’un plus beau cadeau ! ». Mais son discours a vite pris une tournure plus grave, rendant hommage aux jeunes vies brisées qui ont inspiré son film.
Lotfi Achour a expliqué que Les Enfants Rouges est né d’une tragédie personnelle et nationale qui l’a profondément marqué. En 2015, le pays entier avait été horrifié par l’assassinat brutal de Mabrouk Soltani, un adolescent dont la tête avait été décapitée par des terroristes et placée dans un sac en plastique, conservé dans un réfrigérateur. Deux ans plus tard, en 2017, son grand frère, Khalifa Soltani, a subi le même sort, dans une indifférence glaçante des autorités tunisiennes.
« Il était nécessaire de faire ce film pour que ces jeunes ne soient pas oubliés, pour que leurs vies brisées servent de mémoire et de leçon » a insisté Achour. Sa démarche, mue par le besoin de rendre hommage à ces victimes et d’interroger le silence des institutions, a trouvé un écho puissant auprès des spectateurs et du jury.
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Un message universel de paix et de justice
Anissa Daoued, la coproductrice du film, a également pris la parole pour adresser un message bouleversant : « Nulle part dans le monde, des enfants ne devraient avoir à subir cela. Ni en Tunisie, ni à Gaza, ni ailleurs. »
Le Palmarès :
La soirée a également été l’occasion de célébrer d’autres talents remarquables à travers un palmarès éclectique :
Compétition internationale de longs métrages
- Yusr d’Or du Meilleur Film : Les Enfants Rouges de Lotfi Achour – 100 000 $.
- Yusr d’Argent : To a Land Unknown de Mahdi Fleifel – 30 000 $.
- Meilleure Réalisation : Lotfi Achour pour Les Enfants Rouges – 10 000 $.
- Meilleur Scénario : Songs of Adam d’Oday Rasheed – 10 000 $.
- Meilleure Actrice : Mariam Sherif dans Snow White.
- Meilleur Acteur : Mahmoud Bakri dans To a Land Unknown.
- Prix du Jury : Seeking Haven for Mr. Rambo de Khaled Mansour – 10 000 $.
Compétition courts métrages
- Yusr d’Argent : Alazar de Baiza Hailu Lemma – 12 500 $.
- Yusr d’Or : Hatch d’Alireza Kazemipour et Panta Mosleh – 25 000 $.
Documentaires
- Asharq Best Documentary : State of Silence de Santiago Mazar – 10 000 $.
Prix du public Film AlUla
- Film international : Little Jaffna de Lawrence Valin.
- Film saoudien : Hobal d’Abdulaziz Alshlahei – 50 000 $.
Des discours et des chiffres marquants
Dans un discours inspirant, Jomana Al-Rashid, présidente de la Fondation du Film de la Mer Rouge, a souligné l’impact transformateur du cinéma :« Pendant ces 10 jours, nous avons fait bien plus que regarder des films. Nous avons changé les récits, transcendé les barrières culturelles et mis en lumière des expériences humaines parfois invisibles. »
Elle a également présenté des statistiques impressionnantes concernant cette édition:
- 122 films issus de 85 pays,
- 25 « In conversation with »,
- Plus de 30 000 tickets vendus,
- 720 connexions industrielles créées,
- 7 000 accréditations distribuées.
Un hommage aux icônes
La cérémonie a également honoré des figures emblématiques du cinéma. Viola Davis et Priyanka Chopra Jonas ont reçu des prix d’honneur, rejoignant un panthéon d’icônes précédemment récompensées, dont Emily Blunt, Mona Zaki et Michael Douglas.
Réputée pour son travail exceptionnel au cinéma et sur scène, Viola Davis a remporté de nombreuses distinctions et fait partie des trois seuls artistes à avoir atteint à la fois la Triple Couronne des Acteurs et le statut EGOT. Reconnue par le magazine TIME comme l’une des 100 personnes les plus influentes au monde en 2012 et 2017, elle a également été classée neuvième sur la liste des plus grands acteurs du XXIe siècle établie par The New York Times en 2020.
Priyanka Chopra Jonas est l’une des actrices les plus reconnues au monde, récompensée notamment par deux National Film Awards et cinq Filmfare Awards. Honorée du Padma Shri en 2016, elle a également figuré dans la liste des 100 personnes les plus influentes de Time et des 100 femmes les plus puissantes du monde selon Forbes. Pionnière dans le domaine du divertissement, Priyanka a su rapprocher les industries, défendre la représentation et continuer à façonner le cinéma et la culture à l’échelle mondiale.
Pour clôturer cette édition en beauté, le festival a présenté en gala le film Modi : Trois jours sur les ailes de la folie, réalisé par Johnny Depp.
Une édition qui marque les esprits
Cette édition 2024 du RSIFF a confirmé le rôle important du festival en tant que carrefour culturel et cinématographique. Par son engagement à promouvoir des voix émergentes et des récits diversifiés, il s’affirme comme un rendez-vous incontournable du calendrier mondial.
Neïla Driss
