La productrice britannique Lynette Howell Taylor a été élue présidente de l’Académie des Oscars pour la mandature 2025‑2026, succédant ainsi à Janet Yang, arrivée au terme de son mandat. Le conseil des gouverneurs de l’institution a officialisé sa nomination lors d’un vote tenu à Los Angeles, marquant un tournant significatif dans l’histoire de l’Académie.
Âgée de 46 ans, née à Liverpool, Howell Taylor devient la plus jeune présidente de l’Académie depuis 70 ans — depuis que George Seaton en avait pris la tête à 44 ans — et la première personnalité née hors des États-Unis à occuper ce poste depuis le Canadien Arthur Hiller, en 1993. Ces deux faits traduisent une volonté de renouvellement de la part de l’organisation, qui cherche à diversifier ses figures dirigeantes tout en renforçant sa portée internationale.
La nouvelle présidente sera entourée d’une équipe élue simultanément pour cette même mandature. Lesley Barber, représentante de la branche Musique, a été reconduite au poste de vice-présidente et continuera de présider le comité dédié à l’adhésion. Jennifer Fox, de la branche des producteurs, accède pour la première fois au bureau en tant que vice-présidente et prendra la tête du comité des récompenses. Le documentariste Simon Kilmurry, également nouvel entrant, assumera les fonctions de vice-président et de trésorier, tandis que Lou Diamond Phillips, représentant la branche des acteurs, occupera un poste de vice-président en charge des questions d’équité et d’inclusion. Enfin, Howard A. Rodman, issu de la branche des scénaristes, est reconduit en tant que vice-président et secrétaire, et poursuivra son travail à la tête du comité de gouvernance.
Membre de l’Académie depuis 2014, Lynette Howell Taylor siège actuellement pour la deuxième fois au conseil des gouverneurs en tant que représentante de la branche des producteurs. Elle a également exercé pendant trois ans les fonctions de vice‑présidente et présidé le comité des Oscars. Ces dernières années, elle a fortement contribué à moderniser la réflexion de l’Académie sur ses cérémonies et ses critères d’attribution, notamment en travaillant à leur ouverture et à leur adaptation face aux mutations du secteur audiovisuel.
Son parcours dans le cinéma indépendant américain témoigne d’une sensibilité artistique affirmée, et d’un engagement constant pour une production audacieuse, humaine et exigeante. Elle a produit plus de vingt-cinq longs métrages, parmi lesquels Half Nelson, Blue Valentine, The Place Beyond the Pines, Captain Fantastic ou encore Big Eyes. Mais c’est en 2018, avec A Star Is Born, réalisé par Bradley Cooper, qu’elle atteint une notoriété mondiale : le film reçoit huit nominations aux Oscars, dont celle du meilleur film, et connaît un immense succès critique et public. Lynette Howell Taylor produira ensuite la 92e cérémonie des Oscars en 2020, aux côtés de Stephanie Allain, une édition saluée pour son énergie et sa volonté d’ouverture, qui lui vaudra une nomination aux Emmy Awards.
Formée à la Liverpool Institute for Performing Arts, elle fonde en 2017 sa propre société de production, 51 Entertainment, avec une orientation très claire : promouvoir des récits inclusifs, soutenir les voix sous-représentées, et défendre l’égalité des genres dans tous les maillons de la chaîne cinématographique. Ce positionnement militant, au cœur des débats qui traversent Hollywood depuis l’affaire Weinstein, a renforcé sa crédibilité dans les cercles de décision de l’industrie.
Sa nomination intervient à un moment stratégique pour l’Académie, qui cherche à renforcer sa légitimité et sa pertinence dans un paysage audiovisuel en pleine transformation. Ces derniers mois, la prestigieuse institution a entrepris de réformer ses statuts et d’élargir son horizon, en introduisant de nouvelles catégories de prix, comme celle du meilleur directeur de casting dès 2026, ou celle du meilleur coordinateur de cascades à partir de 2027. Elle tente aussi de renouer avec le public : la dernière cérémonie des Oscars a réuni 19,7 millions de téléspectateurs aux États-Unis, une nette remontée par rapport aux années précédentes.
Dans ce contexte, Bill Kramer, directeur général de l’Académie, s’est félicité de cette élection. Il a salué le rôle majeur de Lynette Howell Taylor dans la modernisation du comité des récompenses, soulignant sa vision stratégique, son dévouement, et sa capacité à fédérer les énergies autour des missions fondamentales de l’organisation : soutenir ses membres à travers le monde, préserver la santé financière de l’Académie, et célébrer les accomplissements du cinéma mondial.
Avec ce nouveau bureau, composé de profils expérimentés et engagés, Lynette Howell Taylor prend les rênes de l’Académie à un moment clé. Elle incarne une nouvelle génération de leadership, porteuse d’une vision inclusive et résolument tournée vers l’avenir. Son élection est plus qu’un symbole : c’est le signe qu’Hollywood, malgré ses lenteurs, continue à se réinventer.