La 26e édition des Journées théâtrales de Carthage (JTC) s’est ouverte samedi soir à la Cité de la Culture, réunissant artistes tunisiens, arabes et africains pour une semaine dédiée à la création scénique. Entre hommages, spectacles de rue et prises de position artistiques, cette ouverture a donné le ton d’un festival placé sous le signe de la conscience collective et de la parole engagée.
Une ouverture en mouvement dans les rues de Tunis
La soirée inaugurale n’a pas seulement pris place dans l’enceinte du Théâtre de l’Opéra : elle s’est déployée sur l’avenue Habib Bourguiba, où le spectacle musical « Jouloud » a apporté une ambiance vibrante, fusionnant sonorités tunisiennes, arabes et africaines. Le même soir, la salle Le Rio accueillait « Rêve », la nouvelle création du metteur en scène Fadhel Jaïbi, tandis que le Théâtre de l’Opéra présentait la pièce égyptienne « Le Roi Lear », revisitée par Shady Sorour Ali et interprétée par le célèbre acteur Yehia El-Fakharani.
Cette programmation simultanée à différents points de la capitale a donné à la soirée un caractère de fête urbaine, où les publics circulaient d’un espace à l’autre, reflétant la volonté du festival de rapprocher le théâtre de la rue, et la rue du théâtre.
Une soirée consacrée à la mémoire et aux figures majeures du théâtre tunisien
Dans son discours, le directeur artistique des JTC, Mounir Argui, a rappelé que l’édition 2025 s’articule autour du slogan : « Le théâtre, une conscience et un changement. Le théâtre, le cœur battant de la rue. »
La cérémonie d’ouverture a également été l’occasion d’honorer un large éventail d’artistes tunisiens et étrangers. Parmi les personnalités célébrées figuraient Leïla Rezgui, Fethi Akkari, Ali Ohemiri, Lazheri Sebii, Slim Sanhaji et Hedi Boumiiza, ainsi que la Marocaine Latefa Ahrrare, l’Omanien Imad Mohson Ali Chanfari et l’Ivoirien Abdramane Kamaté.
Un hommage posthume a été rendu à plusieurs figures disparues du théâtre tunisien, dont Ahmed Hadhak El Aref, Fathi Haddaoui, Mohamed Fadhel Jaziri, Anouar Chaafi, Fraj Chouchane, Abir Jebali, Amara Melliti, Salah Bourjini, Mokhtar Mlih, Taoufik Hammami et Mohamed Ali Belhareth.
Une compétition panarabe et panafricaine à fort enjeu
Le jury de l’édition 2025, présidé par le metteur en scène tunisien Lassaad Ben Abdallah, réunit des membres venus d’Algérie, du Congo, de Koweït, de Syrie et de Tunisie. Douze spectacles arabes et africains concourent pour les prestigieux Tanit d’or, d’argent et de bronze, ainsi que pour les prix du texte, de la scénographie et des interprétations.
En parallèle, un riche programme hors compétition accueille des œuvres d’Europe, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, incluant notamment des créations venues d’Italie, de France, du Sénégal, d’Islande, du Mexique ou encore d’Iran.
Les organisateurs ont également maintenu une tradition chère aux JTC : des productions réalisées au sein de prisons et de centres de rééducation, permettant à des détenus et jeunes internes de s’approprier la scène comme un espace de réhabilitation.
Organisé du 22 au 29 novembre, le festival propose plus de 80 spectacles ainsi qu’un Forum international du théâtre.
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