La nouvelle est tombée avant-hier, jeudi 4 novembre 2010 en fin d’après midi. Tahar Cheriâa, homme de lettres et d’art, réalisateur et surtout fondateur des Journées Cinématographiques de Carthage, le premier festival de cinéma arabo-africain s’est éteint à l’âge de 83 ans à Tunis.
On l’appelle le père spirituel du cinéma africain car il a tant donné aux cinéphiles, aux cinéastes tunisiens, arabes et africains et à tous ceux qui croient en l’épanouissement de notre cinéma. Cet homme généreux qui se nourrit de cinéma a tout fait pour défendre notre identité cinématographique dans le monde.
Il nous a aussi fait connaître plusieurs talents africains et arabes dont les deux cinéastes égyptiens Youssef Chahine et Salah Abou Saif, l’algérien Mohamed Lakhadhar Hamina à qui on doit l’excellent « Chronique des années de braise » (Palme d’or, Cannes 1975) ou encore le sénégalais Ousmane Sembene qui fut le premier à obtenir un Tanit d’or aux JCC en 1966 pour son film « La noire De ».
La dernière apparition de Tahar Cheriâa a eu lieu le 27 octobre dernier lors d’une soirée au Théâtre Municipal où on lui a rendu hommage. Affaibli par la maladie et assis sur fauteuil roulant, il a néanmoins tenu à adresser un message aux cinéastes arabes et africains disant : « J’appelle les cinéastes arabes et africains à être sincères avec eux-mêmes et avec leurs œuvres, à mettre toutes leur force, corps et âme, afin de faire des films engages, loin de toute influence pour défendre leur identité ».