C’est hier soir qu’a été inaugurée la 76ème édition du Festival de Cannes lors d’une cérémonie d’ouverture empreinte de glamour et d’excitation. Les marches du tapis rouge ont été gravies par des célébrités du monde entier, magnifiant l’ambiance chargée de glamour et d’émotion. Les robes élégantes, majoritairement caractérisées par leur simplicité, ont sublimé la beauté des actrices et des invitées présentes.
Parmi les convives, des personnalités telles que Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, Mads Mikkelsen, Michael Douglas, son épouse Catherine Zeta-Jones et leur fille Carys, Naomi Campbell, Hussein Fahmy et son épouse, Mona Zaki, Kaouther Ben Hania accompagnée de son producteur Nadim Cheikhrouha, et bien sûr, les membres des divers jurys des diverses sections et compétitions du festival et les acteurs principaux du film d’ouverture Jeanne Du Barry, réalisé par Maiwen.
Malgré les controverses qui ont entouré sa présence au festival en raison des accusations portées par son ex-compagne, Johnny Depp était bel et bien présent et a fait une entrée remarquée en s’offrant un bain de foule. Il a pris le temps de distribuer des autographes et de prendre des selfies avec ses fans, manifestant ainsi sa gratitude pour leur soutien indéfectible. Maiwen et Johnny Depp ont d’ailleurs eu droit à une ovation debout d’environ 7 minutes à l’issu de la projection de Jeanne Du Barry. Méritait-il cette ovation pour la qualité de son jeu dans le film ? On peut en douter. Est-ce alors une réponse des présents aux contestations à sa présence au festival ? Possible.
Vêtue d’une magnifique robe longue noire ornée d’une rangée de strass, Chiara Mastroianni, la maitresse de cérémonie, a ensuite ouvert la soirée en fredonnant Mi sono innamorato di te, avant d’enchainer par un petit discours. Son talent et sa présence sur scène ont captivé le public, donnant le ton pour le reste de la soirée.
La présentation des membres du jury de la compétition longs métrages a suivi, mettant en avant des personnalités éminentes du monde du cinéma : la réalisatrice française Julia Ducournau, lauréate de la Palme d’Or en 2021 pour Titane, la réalisatrice marocaine Maryam Touzani, l’acteur français Denis Ménochet, la scénariste et réalisatrice britanico-zambienne Rungano Nyoni, l’actrice et réalisatrice américaine Brie Larson, l’acteur américain Paul Dano, l’écrivain afghan Atiq Rahimi et le réalisateur argentin Damián Szifrón.
Une vidéo émouvante a ensuite retracé le parcours cinématographique exceptionnel de Ruben Östlund, président du jury et réalisateur, qui a su marquer les esprits avec seulement six films, dont deux lui ont valu de remporter deux Palmes d’Or, l’une en 2017 pour The Square et l’autre en 2022 pour Triangle of Sadness. Cette rétrospective a souligné l’impact artistique de Ruben Östlund et sa contribution incontestable au monde du cinéma.
Le cinéaste suédois a profité de cette cérémonie pour livrer un message sur l’importance du cinéma comme art fédérateur : “Le cinéma doit être créé par des êtres humains pour nous faire réfléchir. Il ne faut pas faire du contenu simplement pour faire du contenu. Ce qui est merveilleux avec le cinéma, c’est de voir des films ensemble, unis, dans une salle, et d’échanger dessus à la fin des séances”.
La soirée a culminé avec la remise de la prestigieuse Palme d’Or d’honneur à l’acteur américain Michael Douglas. Celui-ci a commencé son discours par une note humoristique : « Le festival de Cannes est encore plus jeune que moi! ». Il a enchainé en disant son bonheur et à quel point il était touché : « Ça compte beaucoup pour moi, car il y a des centaines de festivals de cinéma dans le monde mais il y a un seul Cannes. (…) C’est un honneur incroyable« , a-t-il déclaré. « En regardant mes 55 ans [de carrière], je me suis demandé comment j’ai pu durer si longtemps (…) on travaille avec autant d’acharnement pour nos échecs que pour nos succès« , a-t-il poursuivi. Il a terminé en remerciant en français : « Je voudrais [vous] embrasser de tout mon cœur. »
Une vidéo retraçant la plupart de ses grands rôles a également été diffusée. L’occasion de mettre en lumière la richesse de la carrière de cet immense acteur, qui a su se faire un prénom, et dont le père, le grand Kirk Douglas, lui avait un jour fièrement dit : « si j’avais su que tu deviendrais aussi célèbre, j’aurais été plus gentil avec toi lorsque tu étais petit« . Une façon touchante de rendre hommage à la relation entre un père et son fils, et de souligner l’impact durable de Kirk Douglas sur l’industrie cinématographique.
C’est l’actrice Uma Thurmann, portant une magnifique robe rose/saumon, agrémentée d’un collier de chien rouge bordeaux, qui a eu l’honneur de lui remettre cette palme, symbolisant la reconnaissance de toute une carrière dédiée au cinéma : « La Palme d’or d’honneur est attribuée à des personnes qui ont eu un impact profond et durable sur le cinéma. Je ne vois personne d’autre que Michael Douglas pour la mériter autant. Un titan unique, une star éternelle et un artiste lumineux ».
C’est Catherine Deneuve, mère de Chiara Mastroianni et protagoniste de l’affiche officielle de cette édition, et Michael Douglas, qui ont annoncé l’ouverture du festival de Cannes.
Cette soirée d’ouverture marque également la première édition du festival sous la présidence de Iris Knobloch, qui succède ainsi à Pierre Lescure en poste depuis 2014. Il est légitime de se demander si son influence a contribué à l’évolution positive du festival. Est-ce grâce à elle que la sélection est aussi diversifiée, avec une représentation notable de films réalisés par des femmes, et que le festival s’est ouvert à de jeunes cinéastes et à de nouveaux pays ? Les choix opérés témoignent-ils de sa vision pour le festival ?
Le festival se poursuivra dans les jours à venir, offrant une programmation exceptionnelle de films de qualité et une multitude d’événements qui promettent de combler les cinéphiles du monde entier. Les attentes sont immenses et les passionnés du septième art sont impatients de découvrir les révélations qui se dessineront tout au long de cet événement phare de l’industrie cinématographique. Cependant, pour permettre aux festivaliers, aux cinéphiles, aux journalistes et aux professionnels de profiter pleinement de ces films, il est crucial que les organisateurs trouvent une solution aux problèmes rencontrés avec la billetterie électronique, mise en place depuis 2021.
Bien sûr, pour les Tunisiens, l’événement le plus attendu et le plus important de cette édition est sans aucun doute la sélection d’un film tunisien, Les filles d’Olfa, réalisé par Kaouther Ben Hania, en compétition officielle pour la première fois depuis 1970. Il est réjouissant de constater que toutes les séances de projection de ce film affichent déjà complet. Peut-être est-ce dû à la nomination de l’avant dernier film L’homme qui a vendu sa peau de cette même réalisatrice à l’Oscar du Meilleur Film International en 2021, ou peut-être est-ce parce que Thierry Frémaux, délégué général du festival, a éveillé la curiosité des journalistes en évoquant ce film lors de sa conférence de presse donnée lundi après-midi, qu’il a qualifié de très beau, doté d’une structure particulière, oscillant entre documentaire et fiction. Croisons les doigts !
Neïla Driss