Le rappeur tunisien Ahmed Laabidi, plus connu sous son nom de scène Kafon, est décédé samedi 10 mai 2025, à l’âge de 43 ans, des suites d’une longue maladie. Figure emblématique du rap engagé en Tunisie, il laisse derrière lui une œuvre sincère, brute et profondément ancrée dans les réalités sociales du pays.
Kafon s’était imposé en 2013 comme une révélation avec Houmani, un morceau co-interprété avec Mohamed Amine Hamzaoui. La chanson, criante de vérité, décrivait sans fard la vie dans les quartiers populaires tunisois.
Rapidement virale, elle devint l’hymne d’une jeunesse marginalisée en quête de dignité et de reconnaissance. Le clip de Houmani, visionné des dizaines de millions de fois, reste aujourd’hui l’un des plus puissants témoignages de l’après-révolution.
Au fil des années, Kafon s’est affirmé comme une voix à part, refusant les artifices pour s’en tenir à une parole authentique. Son flow grave, ses textes simples et sans détour, portaient les douleurs, les frustrations mais aussi les espoirs de toute une génération. Parmi ses titres phares : Maâlich, El Ayem, Mahboula ou encore Nheb Ngalla3, autant de morceaux devenus cultes.
Sa carrière fut toutefois marquée par une épreuve personnelle majeure : atteint de la maladie de Buerger, une affection rare des artères, Kafon avait subi l’amputation de ses deux jambes en 2017 et 2018. Loin de céder à la résignation, il avait poursuivi sa carrière avec une résilience admirable, continuant à produire et à monter sur scène, porté par un public fidèle et admiratif.