Qu’on soit de gauche ou de droite, tout le monde surfe ou apprend à surfer sur la vague qui va l’emporter vers les cimes du pouvoir ou l’antichambre de l’art. Une vague qui s’appelle religion. Et cela continue… On fait du neuf avec du vieux.
Nous vivons en Tunisie l’âge d’or, celui qui permet à tout le monde de s’exprimer et sans aucune distinction et sous toutes les formes et le tout nous plonge dans l’informel.
« Nouvelle Tunisie » un journal en ligne met en vedette aujourd’hui le réalisateur Ibrahim Letayef qui finalise son second film. Le titre « Affreux, Cupides et Stupides » nous rappelle sans trop de peine, le titre du film d’Ettore Scola « Affreux, sales et méchants ». Mais là s’arrête la comparaison. Ibrahim Letayef déclare : « Dans mon film, les salafistes roulent des pelles »
Le synopsis de ce film peut se résumer, d’après le cinéaste, à la corruption policière et l’hypocrisie des salafistes.
Un projet qui d’après lui, croupissait dans l’ombre des tiroirs depuis 2006, mais voici-venu l’instant de le mettre en lumière, pour en tirer la gloire de l’artiste persécuté, ou l’artiste audacieux à la limite… téméraire !
Ce film sortira sur les écrans en octobre prochain.
Nous gardons encore l’empreinte cuisante du film « Persépolis » de Marjane Satrapi et celle de « ni Dieu ni maitre » de Nadia El Fani.
Que penser alors d’un film qui va s’attaquer aux représentants de l’ordre et ceux qui pensent être les représentants de Dieu ?
À cela M. Letaief répond qu’il compte sur l’humour des uns et des autres ! Mais quelle est la dernière fois où il a vu un policier ou un salafiste rire depuis la révolution ?
C’est vrai que tout au fond de nous, nous avons tous, cette impression désagréable et angoissante d’avoir perdu notre révolution. Mais est-ce une raison de tirer sur une ambulance ?
Nous vivons une insécurité galopante et une violence qui va crescendo, a-t-on le droit dans cette atmosphère politiquement et socialement instable de faire de l’art&provoc. ? Surtout lorsque des pays dont la démocratie est bien installée, et ce, depuis des années, ont encore du mal à assimiler une affiche de Oliviero Toscan qui a travaillé pour le compte de Benetton et hurlent au scandale !
Que penser alors de cette toute petite et jeune Tunisie fraîchement libérée du joug de la dictature, qui n’arrête pas d’être sens dessus- dessous.
Laissez –nous le temps de mûrir, de grandir, de comprendre ce qui nous arrive, avant d’attiser les feux de la haine, de la colère et de la bêtise.
Mais une chance comme celle-ci n’attend pas et les recettes qui en découleront, non plus. Une occasion en or, de se faire enfin un nom et de sortir de l’anonymat. De grâce alors, ne vous cachez plus derrière l’art et la liberté artistique ; dans notre contexte tunisien, cela n’a plus aucun sens !
À part choquer la masse populaire !