L’exposition « Les Peintres pionniers » a été inaugurée mercredi 27 septembre à TGM Gallery (La Marsa) autour d’une dizaine d’artistes de la première génération, à cheval entre les dix-neuvième et vingtième siècles.
Pensée comme une exposition de collectionneurs, « Les Peintres pionniers » rassemble des œuvres rares et pour certaines, jamais présentées au grand public.
Sur trois différents espaces, le visiteur de l’exposition découvre les tableaux de plusieurs ténors à commencer par les Khayachi père et fils, Aly Ben Salem, Hatim El Mekki, Amara Debbeche, Abdelaziz Berrais et Abdelwahab Djilani.
Sont également visibles au sein de cette exposition, plusieurs œuvres de Léo Nardus, un artiste néerlandais ayant vécu en Tunisie, et une sélection de tableaux du baron Rodolphe d’Erlanger, issus de la collection du Centre des musiques arabes et méditerranéennes.
Enfin, l’exposition « Les Peintres pionniers » présente de manière inédite, plusieurs tableaux du grand artiste Ahmed Osman dont la vie et l’œuvre restent nimbées de mystère. En soi, la présence de ces tableaux d’un artiste essentiel dans l’histoire de la peinture tunisienne, donne un élan exceptionnel à cette exposition.
En effet, Ahmed Osman nous met face à une question cruciale : Et si c’était lui l’ancêtre de tous les peintres tunisiens, le premier à avoir inscrit son nom dans l’histoire des arts plastiques dans notre pays ?
Peintre des beys husseinites, Ahmed Osman est un pionnier dans ce domaine et ses œuvres témoignent des premières pages de l’histoire de notre peinture.
Lorsqu’on évoque les artistes dont la pratique picturale remonte au dix-neuvième siècle, le nom d’Ahmed Osman s’impose de lui-même. En effet, alors que Yahia Turki (1903-1969) est considéré comme le père de la peinture de chevalet en Tunisie, l’antériorité d’Ahmed Osman saute aux yeux.
Né en 1838 et décédé en 1920, il évolue toutefois dans un contexte et un style différents de ceux de Yahia Turki.Toutefois, même si sa pratique artistique fut celle d’un peintre de cour, l’antériorité reste le fait d’Ahmed Osman dont il importe de rétablir la postérité dans l’histoire de notre peinture.
L’héritage d’Ahmed Osman reste tributaire du dix-neuvième siècle de la dynastie husseinite. Il a ainsi été le portraitiste de Sadok Bey et Mohamed Hédi Bey et ses œuvres sont un reflet de ces souverains qui y sont représentés. Rares et très recherchées, les toiles d’Ahmed Osman ne sont qu’une dizaine à être recensées.
Cette collection Ahmed Osman est conservée par les services de l’Institut national du patrimoine et du Musée de l’histoire contemporaine à Ksar Said. Quelques particuliers possèdent aussi quelques tableaux de cet artiste dont on a du mal à retrouver les propres portraits.
Il existe en effet peu d’informations sur cet artiste dont l’œuvre la plus emblématique est la fameuse représentation de Sadok Bey, Khereddine Pacha, les dignitaires de la cour et la garde beylicale, tous réunis autour de l’escalier aux lions du palais du Bardo.
Qui était Ahmed Osman ? Né à Monastir en 1838, il vit à Sousse puis s’installe à Tunis où il décédera en 1920. Militaire de carrière, il a pour violon d’Ingres, la peinture qu’il pratique au service de la cour husseinite, après avoir fréquenté des écoles italiennes. Ses œuvres ont été produites entre 1870 et la première décennie du vingtième siècle et presque tout reste à découvrir à son propos.
Selon sa biographie, il est le fils d’un mamelouk originaire de Candie (Crète). Son père était le directeur des biens habous du sud de la Tunisie. Si les renseignements biographiques à son propos restent rares, il n’en reste pas moins que sa maîtrise technique est indiscutable et que par certains aspects, il préfigure la démarche de Yahia Turki.
Dès lors, comment rétablir la postérité de cet artiste oublié qui reste pourtant la racine de notre art pictural moderne? Car à lui seul, Ahmed Osman constitue un pan entier de notre tradition picturale classique, une tradition séculaire que restitue à merveille, l’exposition « Les Peintres pionniers ».