La 7ème édition du Festival International du Film de la Femme d’Assouan a récemment pris fin avec la cérémonie de clôture annonçant les films primés. Cette année, le festival a présenté une sélection de 61 films, dont certains en première mondiale, capturant la vie et l’expérience des femmes de toutes les cultures.
Le long métrage coréen Jeong-sun (2022), réalisé par Jihye Jeong, a remporté le prix Assia Dagher du meilleur film. Le film raconte l’histoire bouleversante d’une femme dont la vie sans prétention mais heureuse, est ébranlée par la honte et la mortification d’une vidéo privée partagée.
Le long métrage documentaire Big Little Women (2022), réalisé par Nadia Farés, a remporté trois prix, dont le meilleur film euro-méditerranéen traitant du thème de la femme, le meilleur film égyptien et une mention spéciale du jury des longs métrages. Ce film a suscité une discussion passionnée parmi le public lors de sa projection, opposant ceux qui défendent le féminisme et les droits des femmes à ceux qui pensent que les femmes ne peuvent pas être égales aux hommes. Malgré cela, c’est une bonne chose, un débat animé ne peut qu’encourager la réflexion !
Dans ce récit poignant, trois générations de femmes se rebellent contre les interdictions patriarcales. Dans cette lettre cinématographique, la réalisatrice suisse-égyptienne Nadia Farés rend hommage à son père tout en racontant 75 ans de luttes des femmes à la fois en Égypte, le pays de son père, et en Suisse, le pays de sa mère où elle a grandi. Elle explore l’impact des traditions patriarcales à l’Est comme à l’Ouest, les décrivant comme des images dans un miroir.
Le très beau long métrage animé My Love Affair with Marriage (2022 – Lettonie), écrit et réalisé par Signe Baumane, a remporté deux prix : le prix Latifa El Zayat du meilleur scénario et le prix Samir Farid du meilleur film décerné par le jury des critiques égyptiens. L’histoire de Zelma, depuis sa petite enfance en Union Soviétique jusqu’à sa vie d’adulte, est racontée par Signe Baumane en mettant en lumière les oppressions subies par les femmes tout au long de leur vie. À travers des personnages directement illustrés, le message de Baumane est clair et puissant : l’oppression de base qui hante encore les femmes depuis leur enfance jusqu’à leur mort. Le symbolisme animalier renforce également les rôles imposés aux femmes. Le film rappelle que le sort de Zelma est celui de toutes les femmes qui regardent ce film, rendant hommage à la beauté et à la complexité de la vie des femmes.
Le film La Ligne (2023 – France) réalisé par Ursula Meier a remporté deux prix, à savoir le Prix Bahiga Hafaz de la meilleure réalisation et le prix Rashida Abdel Salam du jury. L’histoire suit Margaret, qui a agressé sa mère et est soumise à une mesure d’éloignement de trois mois. Malgré cela, elle essaie désespérément de s’approcher de sa famille chaque jour.
Outre les prix pour les longs et courts métrages sélectionnés, le festival a également distribué des prix pour les courts métrages réalisés par les participants aux ateliers de formation. Ces ateliers ont offert une occasion unique aux cinéastes en herbe de se former, d’apprendre de nouvelles techniques et d’affiner leur art. Les films qui en ont résulté ont été très bien reçus par le public et ont montré la force et le potentiel des cinéastes de demain.
La grande participation des jeunes femmes aux ateliers et leur contribution à la production de films témoignent d’un changement de mentalité dans la région. Les habitants ont commencé à prendre conscience de l’importance de l’égalité des sexes et de la nécessité d’offrir les mêmes opportunités aux femmes qu’aux hommes. Le festival a également encouragé les femmes à s’exprimer sur des sujets importants et a même convaincu les parents de laisser leurs filles participer aux ateliers et aux projections tard le soir. On a même vu des jeunes filles venir de loin, avec la permission de leurs parents, pour assister au festival.
Les jeunes formés cette année et ayant réalisé des courts métrages sur scène lors de la cérémonie de clôture.
Au cours de la cérémonie de clôture, un nouveau projet du festival a été annoncé. Des dizaines d’éducatrices ont été formées pour aller dans les villages reculés et initier les jeunes filles aux métiers du cinéma. Ce projet témoigne de l’engagement continu du festival à apporter un changement positif dans la vie des gens de la région et à contribuer à créer de nouvelles opportunités pour les femmes dans une industrie qui a été historiquement dominée par les hommes. Ce projet offre également aux filles des villages reculés la chance de s’exprimer et de raconter leurs histoires à travers le cinéma.
Les éducatrices formées pour aller initier les jeunes filles dans la région.
En plus d’être un événement cinématographique important, le Festival International du Film de la Femme d’Assouan a un impact sur l’industrie du tourisme dans la région. En attirant des visiteurs du monde entier, le festival contribue à accroître la visibilité de la ville et à stimuler l’économie locale. Cette année par exemple, le festival a organisé des excursions pour les participants, leur offrant la possibilité de découvrir la richesse culturelle et patrimoniale de la région tout en leur offrant un moyen de se détendre et de faire connaissance en dehors des projections de films. C’est ainsi que de nombreux participants ont profité de l’occasion pour explorer les sites historiques et les monuments emblématiques de la région, tels que le Temple de Philae, le haut barrage et le village nubien Gharb Soheil.
Le dévouement et l’engagement des organisateurs et bénévoles ont rendu possible cette 7ème édition du Festival International du Film de la Femme d’Assouan. Leur travail acharné a créé un événement culturel et social important pour la région et même pour les femmes du monde entier. Espérons que ce festival continuera à croître et à prospérer dans les années à venir, et que son impact positif sur la vie des femmes et des communautés ne cessera jamais de grandir.
Neïla Driss