La 12ème édition du festival CinéAlma, l’âme de la méditerranée vient de s’achever. Il s’agit d’un festival du film méditerranéen qui a lieu à Carros (Côte d’Azur – France). Le nom CinéAlma signifie d’ailleurs « cinéma de l’eau » du mot arabe Al Ma.
Ce festival est organisé par l’association de cinéphiles Cinéactions en collaboration avec la ville de Carros.
Lors de cette édition qui était dédiée à la femme méditerranéenne « pour son courage et son rôle dans l’évolution de la société », 34 films de 12 pays (France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Turquie, Maroc, Tunisie, Algérie, Égypte, Iran et Palestine) ont été projetés. Chaque projection a été suivie d’un débat très intéressant le plus souvent avec un ou plusieurs membres de l’équipe du film.
34 films projetés au CinéAlma
J’ai participé à ce festival en tant que membre du jury de la compétition des films inédits en France, qui est dotée d’un prix de 3000 euros offerts par le Crédit Agricole pour aider à la distribution en France du film vainqueur.
Le film tunisien Demain dès l’aube de Lotfi Achour était en compétition dans cette section et avait d’ailleurs attiré l’attention du jury, mais c’est le long-métrage algérien L’Etoile d’Alger de Rachid Benhadj qui a été finalement choisi.
Remise du Prix Crédit Agricole à Rachid Benhadj pour son film l’Etoile d’Alger
Nous, membres du jury, étions unanimes pour ce choix et pensons que ce film est celui qui mérite le plus d’être distribué en France.
En effet, à travers l’histoire d’un jeune chanteur qui rêve de devenir une star, le film raconte le désespoir de la jeunesse algérienne qui ne trouve plus de travail et la montée des islamistes pendant les années 1990 qui petit à petit s’incrustent dans la société et imposent leurs règles.
Ce film est d’actualité dans nos divers pays et servira peut-être comme signal d’alarme aux spectateurs français.
Une scène a particulièrement attiré mon attention: un homme tue un journaliste et ensuite on le voit faire la queue devant le consulat français pour obtenir un visa. Les assassins voyagent. L’extrémisme se propage. Il faut y faire attention.
L’Etoile d’Alger avait déjà remporté plusieurs prix dans divers festivals, dont le « Prix du meilleur long métrage pour jeunes » à la 12eme édition du Festival International du Film pour l’Enfance et la Jeunesse (Fifej) de Sousse en mars 2017.
Rachid Benhadj, réalisateur du film l’Etoile d’Alger, l’acteur algérien Cherif Azrou et les membres du jury Crédit Agricole.
Les trois films tunisiens Demain dès l’aube de Lotfi Achour, La belle et la meute de Kaouthar Ben Hania et Corps Etrangers de Raja Amari étaient en compétition pour les prix du public, malheureusement aucun n’a figuré dans le palmarès, qui est comme suit :
Grand prix du public: Le Chanteur de Gaza de Hany Abu-Assad (2015) – Palestine
Prix Coup de cœur du public: À mon âge je me cache encore pour fumer de Rayhana Obermeyer (2016) – Algérie
Prix découverte: Ali, la chèvre et Ibrahim de Sherif El Bendary (2016) – Egypte
Ces trois films ont déjà été distribués en Tunisie par Hakka Distribution. Ali, la chèvre & Ibrahim est actuellement programmé au CinéMadart à Carthage.
Le fait que les quatre films récompensés soient arabes est génial. Cela prouve que les spectateurs de ce festival méditerranéen qui se déroule en France, sont objectifs et que pour eux seule compte la qualité des films. Ce public est constitué de vrais cinéphiles sans préjugés contre les nationalités, les langues, les religions ou les cultures.
A titre exceptionnel, une mention spéciale a été attribuée au très beau long-métrage italien Sicilian Ghost Story de Fabio Crassadonia et Antonio Piazza qui s’inspire de l’histoire vraie du petit Giuseppe Di Matteo, kidnappé par la mafia à l’âge de 13 ans et tué au bout de deux ans de détention dans des conditions affreuses.
Bien que n’ayant pas été récompensés, les trois films tunisiens ont été très bien accueillis par le public et ont donné lieu à des discussions très intéressantes.
Raja Amiri lors du débat qui a suivi la projection de son film Corps étrangers
Raja Amari était présente pour parler de Corps étrangers et en débattre avec les spectateurs.
Pour les deux autres films, malheureusement aucun membre de leurs équipes n’a pu répondre à l’invitation de festival. Cette présence est pourtant très importante, le public de CinéAlma est constitué de cinéphiles passionnés et très informés. J’ai donc essayé de les remplacer lors de ces débats en tant que tunisienne. Même si je ne pouvais répondre à toutes les questions à propos des films, j’ai pu le faire concernant la Tunisie, sa révolution, la présence des islamistes, l’avenir…. C’était intéressant de constater que la plupart des spectateurs étaient très renseignés sur ce qu’il se passe chez nous. Et bien sûr, cela m’a fait très plaisir lorsqu’ils ont affirmé que c’est la femme tunisienne qui par son combat sauvera la Tunisie. Je ne peux qu’être d’accord avec cette conclusion.
La Belle et la Meute sera en compétition officielle aux Journées Cinématographiques de Carthage qui vont se dérouler du 4 au 11 novembre 2017. Sa sortie nationale au cinéma est prévue pour le 12 novembre 2017.
CinéAlma – La porte de Sidi Bou Saïd
La Tunisie était également présente à ce festival de diverses manières.
Tout d’abord, depuis 12 ans, le logo du festival est une porte de Sidi Bou Saïd. Ce logo est bien-sur présent partout. De plus, la porte de la salle de cinéma où se déroule le festival est une reproduction d’une porte de Sidi Bou Saïd. On peut considérer que c’est une marque d’ouverture et de sympathie des organisateurs pour la Tunisie.
Tunis Air faisant partie des sponsors du festival, son logo était également partout (sur la bande annonce, sur le programme…).
Mahmoud Jemni, Hamed Ben Brahim et Neila Driss lors de la cérémonie d’ouverture du CinéAlma
M.Hamed Ben Brahim, Consul Général de Tunisie à Nice a assisté à l’ouverture du festival. Il a également organisé à la résidence du consulat, un déjeuner tunisien authentique : slata méchouia, slata tounsia, ojja aux crevettes, couscous royal… présentés dans des tebsis et sinias.
A ce déjeuner étaient invités des professionnels du cinéma européen et maghrébin, des organisateurs du Festival CinéAlma et du Festival du Cinéma Tunisien à Cannes, M.Carlo Scibetta, maire de la ville de Carros, M. Mahmoud Jemni, président du Festival International du Film Arabe de Gabès (FIFAG) et deux membres de l’association JOUSOUR, fondatrice et financeuse de ce festival de Gabes.
Les responsables du FIFAG et de CinéAlma ont convenu d’un partenariat entre les deux festivals. Le protocole d’accord sera signé à Gabes lors de la 3eme édition du FIFAG qui aura lieu du 20 au 26 avril 2018.
Quant à moi, pendant toute la durée du festival, j’ai essayé à ma manière de promouvoir la Tunisie en portant tous les jours du Tounsi. Un jour j’y suis allée en robe inspirée du costume traditionnel de Hammamet, un autre jour en jebba, ou encore en maryoul Fadhila, ou en portant un bijou ou autre accessoire tunisien.
Et c’est ainsi qu’encore une fois, le cinéma a permit de mettre en valeur notre beau pays.
Bande annonce du festival CinéAlma
Neïla Driss
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