Cannes Classics 2024 : Plongée dans l’intimité d’Elizabeth Taylor
Après avoir diffusé le documentaire consacré à Faye Dunaway, Cannes Classics poursuit son hommage aux grandes figures du cinéma en présentant celui dédié à Elizabeth Taylor : Elizabeth Taylor: The Lost Tapes/ Elizabeth Taylor : Les enregistrements perdus , écrit et réalisé par Nanette Burstein.
Grâce à un accès privilégié aux archives personnelles d’Elizabeth Taylor et à soixante-dix heures d’enregistrements intimes récemment découverts, Nanette Burstein, déjà acclamée à Cannes pour The Kid Stays in the Picture, nous livre un portrait inédit et émouvant de l’icône hollywoodienne. Ce documentaire, qui a fait sa première mondiale au Festival de Cannes, lève le voile sur une Elizabeth Taylor bien différente de l’image publique et souvent stéréotypée.
Le film, essentiellement narré par Elizabeth elle-même, mêle photos personnelles, films familiaux et extraits de ses rôles les plus mémorables pour tisser un récit intime et poignant. De son enfance sous les projecteurs à son héritage intemporel, les spectateurs découvrent une femme complexe qui a traversé sa vie publique avec une grâce et une force remarquables. Elizabeth Taylor: The Lost Tapes n’est pas qu’un simple récapitulatif de sa vie extraordinaire ; c’est une exploration profonde de ses défis, ses triomphes et son impact durable sur le cinéma et la société.
Tandis que le film sur Faye Dunaway se concentrait essentiellement sur sa carrière fulgurante, celui sur Taylor offre une plongée intime dans sa vie personnelle et amoureuse, des domaines qui ont toujours captivé les médias. Ce documentaire dévoile des aspects méconnus de l’existence de la star, offrant un portrait aussi complet que fascinant de cette icône éternelle.
Le documentaire retrace sa vie depuis ses débuts comme enfant star sous contrat avec la MGM, illustrant les rigueurs d’une jeunesse passée sur les plateaux de tournage, entre longues journées de tournages et cours dispensés au sein des studios. Cette enfance stricte a façonné sa transition rapide vers la vie adulte. Avec ses propres mots, Elizabeth raconte son parcours : ses amis, ses premiers rôles et sa transformation d’enfant sage à actrice audacieuse. En prenant de l’âge, elle se rebelle contre les rôles stéréotypés, cherchant des personnages plus complexes. Sa performance dans Géant (1956) aux côtés de James Dean et Rock Hudson marque un tournant, suivi par des rôles emblématiques comme celui de Cléopâtre.
Elizabeth Taylor était aussi connue pour être l’actrice la mieux payée de son époque, suscitant l’admiration et parfois la jalousie, même parmi ses partenaires. Richard Burton, son grand amour et compagnon tumultueux, a même exprimé son étonnement face aux salaires mirobolants de Taylor, notamment les 1 million de dollars pour Cléopâtre (1963), contre ses 300 000 dollars.
La vie amoureuse tumultueuse de Taylor, marquée par huit mariages – dont deux avec Richard Burton – est également un point central du film. Le documentaire explore cette facette avec nuance, révélant comment ses relations reflétaient et défiaient les normes sociales de son temps. Sa liaison avec Burton, alors qu’ils étaient tous deux mariés, provoqua un scandale retentissant. L’Amérique puritaine de l’époque la condamnait, son propre père allant jusqu’à la traiter de « traînée ». Ce film ne se contente pas de relater ces épisodes ; il les place dans le contexte d’une société en mutation, offrant une réflexion sur la célébrité et la moralité publique.
Le documentaire ne s’arrête pas là et explore également les amitiés sincères qui ont jalonné la vie de Taylor, des relations souvent éclipsées par ses histoires d’amour tumultueuses mais tout aussi significatives et précieuses. Il met aussi en lumière son engagement humanitaire, notamment son rôle pionnier dans la recherche contre le sida. Profondément affectée par la perte de nombreux amis proches à cause de cette maladie, Elisabeth Taylor a consacré une grande partie de sa vie et de ses ressources à la lutte contre le sida, devenant l’une des figures de proue du mouvement et fondant l’Elizabeth Taylor AIDS Foundation.
En nous plongeant dans la vie d’Elizabeth Taylor à travers ses propres enregistrements, Nanette Burstein offre une perspective inédite sur une légende du cinéma. « Elizabeth Taylor: The Lost Tapes », présenté en première mondiale à Cannes Classics, invite les spectateurs à redécouvrir une femme qui a constamment défié les attentes et laissé une empreinte indélébile sur le monde du cinéma. Plus qu’un simple documentaire, c’est une célébration de la complexité et de la résilience d’une véritable icône.
Ce documentaire représente une occasion rare de pénétrer l’intimité d’une star dont la vie a souvent été éclipsée par ses succès cinématographiques et ses scandales médiatiques. Il met en lumière une Elizabeth Taylor humaine, vulnérable et incroyablement forte, une femme qui a su transformer ses faiblesses en une source de pouvoir et d’inspiration. Les enregistrements perdus, dévoilés ici, sont un trésor inestimable qui nous rapproche d’une légende dont l’aura ne cesse de briller.
Neïla Driss