Le 76ème Festival de Cannes a été marqué par une présence remarquable des films arabes, qui ont brillamment réussi à séduire les jurys et à remporter plusieurs distinctions prestigieuses. Parmi les 12 films arabes en compétition, pas moins de 7 d’entre eux ont été honorés, témoignant de la qualité exceptionnelle de ces œuvres et de la reconnaissance grandissante du cinéma arabe sur la scène internationale.
En tête de ces films récompensés se trouve Les Filles d’Olfa réalisé par Kaouther Ben Hania (Tunisie). Ce long métrage, sélectionné dans la compétition officielle aux côtés de films de réalisateurs renommés tels que Ken Loach ou Nuri Bilge Ceylan, a non seulement captivé les spectateurs, les critiques et les divers professionnels du cinéma, mais a également réussi à remporter un total de 4 prix provenant de jurys différents. Il a notamment été honoré par le Prix du Cinéma Positif, qui récompense le long métrage le plus positif de la sélection officielle en compétition, en questionnant l’industrie cinématographique et en mettant son art au service des générations futures. De plus, il a reçu le Prix François Chalais, une mention spéciale décernée à un film en lien avec les valeurs du journalisme. En outre, Les Filles d’Olfa a remporté l’Œil d’Or du meilleur documentaire, ex-aequo avec le film Kadib Abyad/La Mère de tous les mensonges d’Asmae El Moudir. Enfin, il a été récompensé par le Prix de la Citoyenneté, qui célèbre l’engagement des réalisateurs et scénaristes en faveur des valeurs citoyennes, mettant en avant les qualités humaines individuelles et collectives ainsi que la préservation de notre planète pour les générations futures.
Le film Kadib Abyad/La Mère de tous les mensonges d’Asmae Al-Moudir (Maroc) occupe la deuxième position en termes de reconnaissance, avec le prix du Meilleur Réalisateur dans la compétition Un Certain Regard et l’Œil d’Or du meilleur documentaire, ex-aequo. Cette double distinction atteste de la qualité artistique et du message poignant véhiculés par ce film.
Dans la section Un Certain Regard, deux autres films arabes se sont distingués : Goodbye Julia de Mohamed Kordofani (Soudan) s’est vu décerner le Prix de la Liberté et Les Meutes de Kamal Lazraq (Maroc) a été distingué par le Prix du Jury.
Parmi les autres films arabes récompensés, Inshallah walad d’Amjad Al Rasheed (Jordanie) a été salué par le Rail d’Or du meilleur long métrage dans la compétition de la Semaine de la critique, ainsi que par le prix de la Fondation Gan pour la distribution.
Le court métrage I Promise You Paradise de Morad Mostafa (Égypte) a également été couronné de succès, remportant le Rail d’Or du meilleur court métrage dans la section de la semaine de la critique, en plus du prix du public. Cette double distinction témoigne du talent prometteur du réalisateur et de la réception chaleureuse réservée à son œuvre.
Le jeune réalisateur Morad Mostafa et son trophée Rail d’Or du court métrage
Quant au court métrage Ayyur/Moon de Zenib Wakrim (Maroc), il a remporté le 3e prix de la 76e La Cinef Selection.
La jeune réalisatrice Zenib Wakrim et son prix
Quand verra-t-on un film arabe remporter la Palme d’or ? Jusqu’à présent, seul un film arabe a réussi cet exploit, à savoir le film algérien Chronique des Années de Braise (1975) réalisé par Mohammed Lakhdar-Hamina qui a remporté la Palme d’Or lors de la 28e édition du Festival de Cannes.
En ce qui concerne le réalisateur égyptien Youssef Chahine, malgré la sélection de 9 de ses films au Festival de Cannes (4 en compétition officielle, 2 en Un certain regard, 3 hors compétition), il n’a jamais remporté la Palme d’Or pour l’un de ses films. Toutefois, il a été honoré pour l’ensemble de son œuvre avec la Palme d’Or du cinquantenaire.
Cette année, nous avions tous espéré, en vain, qu’un autre film arabe remporte la Palme d’or, surtout après le grand succès du film tunisien Les Filles d’Olfa et les nombreux articles élogieux dont il a fait l’objet dans la presse internationale. Espérons que ce souhait se réalisera lors des prochaines éditions.
La présence remarquée des films arabes au 76ème Festival de Cannes et leur succès retentissant témoignent de la vitalité et de la richesse du cinéma arabe contemporain. Ces œuvres cinématographiques ont su captiver et émouvoir les spectateurs, transcendant les frontières culturelles et linguistiques. Grâce à leur qualité indéniable, ces films ont rayonné en mettant en avant la diversité et le talent de la création cinématographique arabe sur la scène internationale.
Il est effectivement souhaitable que ce mouvement se poursuive et que les films arabes bénéficient d’une plus grande visibilité et d’une plus grande reconnaissance dans les sélections des festivals internationaux. La nouvelle génération de cinéastes arabes prometteurs mérite d’être soutenue et encouragée, afin de continuer à produire des œuvres cinématographiques inspirantes et captivantes.
Neïla Driss