Le musée national du Bardo accueille lundi 2 octobre l’exposition « Le Trésor des monnaies de Chemtou », sous l’égide du ministère des Affaires culturelles.
A cette occasion, la ministre Hayet Guettat Guermazi inaugurera la nouvelle salle du musée, dédiée au trésor de Chemtou, en présence de Peter Prügel, ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne, et Philipp von Rummel, Secrétaire général de l’Institut allemand d’archéologie (DAI).
Découvert il y a quelques années, ce trésor est constitué de 147 pièces en or et d’une pièce en argent qui, depuis le quatrième siècle, reposaient dans une cruche. La nouvelle salle du musée permettra désormais de découvrir ces pièces antiques ainsi que la cruche qui les contenait.
Chemtou (photo Salah Jabeur)
Fruit de la coopération tuniso-allemande, le musée de Chemtou a été par ailleurs créé en 1998 sur le site de la ville antique qui fut réputée pour son marbre. Ce musée archéologique, fermé depuis l’attaque du Bardo en 2015, a été rouvert en décembre 2019.
Ce musée de Chemtou comprend des artefacts uniques, y compris d’importantes pièces de marbre. La zone archéologique dans laquelle se trouve le musée a été le théâtre de fouilles supervisées par des équipe de chercheurs allemands de la DAI.
Ces recherches ont révélé l’existence d’un certain nombre de monuments ensevelis sous terre dont une ville numide datant du quatrième siècle avant JC. Les fouilles continuent à Chemtou afin de mettre en valeur, tout le potentiel de ce site du nord-ouest de la Tunisie qui n’a pas révélé tous ses secrets et pourrait avec le site voisin de Bulla Regia, constituer un catalyseur pour le tourisme culturel dans la région de Jendouba.
Pour mémoire, Chemtou est une cité antique aux origines numides bâtie en contrebas d’un autel monumental où furent ensuite vénérées les divinités romaines. L’antique Simitthus était surnommée la Montagne de marbre et c’est là qu’on extrayait le fameux marmor numidicum dont les carrières étaient une propriété impériale.
La cité antique était à l’époque romaine, dotée d’un camp militaire qui faisait aussi office de prison. Sous le contrôle des soldats, des condamnés aux travaux forcés et des esclaves aux carrières, étaient hébergés dans cette prison qui disposait également d’ateliers où étaient fabriqués des objets utilitaires à partir des déchets du marbre.
Il est à noter que les équipes de chercheurs allemands sont présentes sur le site depuis 1968 et ont largement contribué aux fouilles et à la création du musée. Cette exposition du 2 octobre au musée du Bardo vient à point pour rappeler la permanence de cette coopération entre la Tunisie et la République fédérale d’Allemagne.
Enfin, ce serait l’empereur Hadrien qui aurait ordonné la construction d’une route romaine pour le transport des marbres de Chemtou à destination de Rome via l’antique Tabarka.
L’antique Thabraca était en effet le port d’où étaient exportés les blés de Béja, le bois et les fauves des forêts de Khroumirie ainsi que le marbre de Chemtou.
Après avoir fait du cabotage jusqu’à Carthage, les vaisseaux ainsi chargés pouvaient prendre leur essor vers l’Italie. Avant cela, de lourds chariots transportaient le précieux marbre à travers les denses forêts de Khroumirie vers le port.
Vue générale (photo Salah Jabeur)
Sous les Romains, Chemtou portrait le nom de Simitthus. Cette ville était alors surnommée la montagne de marbre. Et c’est dans les flancs de cette montagne que l’on extrayait le fameux « marmor numidicum » des anciens.
Ce marbre jaune de Chemtou, aux nuances à nulles autres pareilles, est de nos jours nommé « giallo antico » en Italie. Comme une réminiscence de cette époque où la couleur pâle de ce marbre en faisait un matériau des plus prisés à Rome.
De fondation numide, Chemtou est connue pour son marbre depuis le règne de Miscipa, prince berbère à son apogée au IIème siècle avant J-C. Ensuite, les Romains firent des carrières de marbre une propriété impériale et dessinèrent cette route qui traverse des zones montagneuses.
Une route deux fois millénaire
Pour rejoindre Tabarka, il fallait passer par Bulla Regia, Ain Berber et Oued Ghezala, un affluent de Oued Bouhertma, l’Armascla des anciens. Ensuite, on rejoignait Sidi Dhwiw et le domaine de Cheikh el Arbi, non loin de Fernana et ses chênes séculaires.
Musée de Chemtou
Très secrète, cette route recèle encore des ruines romaines inexplorées. Comme ces vestiges de maison qui marquent un gîte d’étape à Henchir Eddamouss. Comme les restes d’un amphithéâtre et d’un arc de triomphe à Ain Bouhaja.
Comme les ruines éparses de Ain Charchara. Comme la borne militaire d’El Merij. Le second gîte d’étape sur cette route du marbre se trouve non loin de Borj el Hamam, ce lieu que Ptolémée appelait Aquae calidae pour sa source d’eau chaude. Pour l’histoire, le marbre de Chemtou était, selon la tradition, jaune comme taché de safran et il ornait les monuments publics.