Depuis que j’ai lu le message d’Antoine sur Facebook, les mots de ce père de famille qui a perdu son épouse dans la fusillade du Bataclan, ne me quittent plus.
L’exemple choisi par Monseigneur Ilario Antoniazzi
Sa lettre ouverte, il l’adresse aux terroristes en employant des mots simples et poignants. Cette lettre, je l’ai découverte en lisant le message de Monseigneur Ilario Antoniazzi, archevêque de Tunis, qui a cité cet exemple si profondément humain, dans les paroles de paix et d’amour prononcées lors d’une messe pour les victimes de tous les attentats qui ont frappé Paris, Tunis et d’autres lieux encore. Cette messe a eu lieu la semaine dernière en la cathédrale de Tunis.
La voix nue d’Antoine
A mon tour, je vous propose de lire et ressentir les mots vifs et nus d’Antoine, son courage et la force de son pardon.
Ce message, je ne cesse de le relire, m’en imprégner et tenter d’en éprouver chaque inflexion. Je vous invite, à votre tour, à découvrir l’attitude d’Antoine, son refus de haïr et ce qui sous-tend son refus…
« Je ne vous ferai pas ce cadeau »
» Vendredi soir, vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur. »
Chaque balle, une blessure au cœur
« Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’aie peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore. »
Pas d’accès au paradis des âmes libres
« Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des jours et des nuits d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de douze ans.
Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée.
Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès. »
L’affront d’être heureux et libre
« Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus forts que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a dix-sept mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus ».
La vengeance est un signe de faiblesse
Tout est dit. Pas d’autre commentaire. Si, un mot s’impose: merci pour cette leçon de courage et de lucidité humaine… Car, comme le soulignait Monseigneur Antoniazzi, se venger est un signe de faiblesse alors que pardonner et prier pour les terroristes est un signe d’héroïsme. Encore une fois, tout est dit…
H.B