Une nouvelle mosaïque monumentale est venue enrichir la collection du musée du Bardo.
Une nouvelle mosaïque monumentale est venue enrichir la collection du musée du Bardo et devrait être placée au seuil du musée, dont la réouverture est imminente.
Cette mosaïque provient du site de Haidra et a fait l’objet d’une notice dans l’ouvrage de Samir Aounallah « Je suis Bardo », paru en 2016.
Nous vous invitons à découvrir cette « mosaïque des îles et des villes de Méditerranée » à travers la description qu’en fait Aounallah
« Finement exécutée et fort riche en couleurs, cette unique représentation du genre, chef-d’œuvre de la mosaïque tunisienne, provient de Haïdra, l’antique Ammaedara, ville du centre-ouest tunisien.
Inspirée du thème artistique du paysage portuaire, en vogue dans la Grèce classique et hellénistique, cette mosaïque pavait le sol d’une grande salle presque carrée (6 x 5.30 m) agrémentée de trois exèdres rectangulaires.
L’édifice où elle se trouvait fait penser à une riche demeure où le maître recevait ses invités et exhibait ses richesses, ses goûts et ses pérégrinations racontés par 15 vignettes, grecques et latines, groupées quatre par quatre sur chaque côté et trois au centre.
Chacune contient une ou plusieurs compositions architecturales : villa maritime, port, ville côtière complétés de motifs paysagers naturels, de rochers, de vignes, de marécages et arbres. L’ensemble, sur un fond de mer en mouvement, évoque une faune marine peuplée de divers poissons, de crustacés, de coquillages d’un dauphin, d’une barque et d’amours, de pêcheurs, rameurs et nageurs.
Si les plans diffèrent, le dispositif est à peu près le même, car les édifices sur les vignettes ont en commun qu’ils possèdent de vastes soubassements ou portiques avec des tours d’angle, des pavillons, et parfois sur un podium.
On identifie de façon certaine Idalium (ville de l’intérieur de Chypre), Naxos (île des Cyclades), Scyros (île grecque de la mer Égée), Paphos (ville de Chypre), Cypros (Chypre), Lemnos (île grecque de la mer Égée), Rhodos (Rhodes, île grecque), Cytherae (Cythère, île grecque), Erycos (Eryx, ville et mont de Sicile), Egusa (peut-être Favignana, une des îles Égades ?), Cnossos (ville de Crète), Cnidos (ville de Carie).
Les trois autres vignettes sont incomplètes. Tous ces lieux sont représentés par des vignettes péninsulaires, alors qu’on identifie de façon assurée trois villes maritimes (Cnossos, Cnidos et Erycos) et une ville éloignée de la côte (Idalium).
Ce n’est pas une carte, car l’ordre géographique des lieux n’est pas respecté, mais vraisemblablement un itinéraire peu connu du propriétaire et commanditaire de la mosaïque en question.
Son premier souci était sans doute d’exhiber à ses invités sa connaissance du monde et sa culture gréco-latine, des villes et des îles qu’il a connues et où il a commercé mais qu’il ne connaissait pas bien.
L’attitude rappelle des anomalies que Vitruve (7.5) signale sur les peintures : « à présent, on ne peint sur les murailles que des objets extravagants (…) On met pour colonnes des roseaux (…) On fait des candélabres qui portent des petits châteaux (…) Malgré tout, l’ensemble de la décoration plait à l’œil par la richesse des tons, le jeu varié des lignes et des couleurs ».