Quelle pulsion de violence peut pousser à s’attaquer à des équipements médicaux, caillasser un bus tout neuf ou s’attaquer à un édifice public ?
Sociologues et psychologues sont-ils suffisamment sur le terrain pour nous aider à mieux comprendre les pulsions de violence qui traversent notre société ? Depuis de longues années, une nouvelle norme semble prédominer dans l’attitude de certaines franges de citoyens par rapport à des biens publics qu’on détruit sans vergogne.
Les explications semblent insuffisantes pour comprendre ce phénomène qui se répand et prend de nombreuses formes qui vont de la pollution dite ordinaire aux déprédations en tous genres.
Comment expliquer pourquoi des citoyens s’attaquent-ils à des équipements médicaux après avoir envahi un hôpital ? Comment comprendre le geste scandaleux qui, ces derniers jours, a pris la forme d’un bus tout neuf vandalisé de manière absurde ?
Il faut d’abord réaliser que cette violence destructrice fait aujourd’hui partie de notre quotidien. On caillasse les trains pour le plaisir malsain que cela procure comme on le fait pour un bus qui vient d’arriver dans le parc public.
Il y a dans ces gestes aussi bien l’expression d’un « No Future » que l’exacerbation de cette fameuse mentalité dite du « beylik » et qui attend encore d’être analysée en profondeur.
Sommes-nous face à une jeunesse déboussolée qui en veut à tout et son contraire ? Sommes-nous plutôt devant des formes de radicalisation qui profitent de la déroute de la gestion urbaine face à des enjeux de territoires qui vont dans tous les sens ?
Cette violence à fleur de peau et cette propension à détruire sont désormais partie intégrante du paysage quotidien, aussi bien dans les stades que dans les rues, autant dans les quartiers populaires que les cités périphériques, sur les routes et aussi dans les rues.
À première vue, le délitement des familles y est pour beaucoup. De même, la faillite morale de l’école et la dégradation du lien social y sont pour beaucoup. Quant à la crise endémique que nous traversons et ses corollaires en termes de chômage et de malaise, y jouent un rôle important.
C’est en tous cas l’un des symptômes d’une société malade qui s’exprime ainsi. Car cette péripétie du caillassage d’un bus n’est que la partie d’un tout qu’il est essentiel de comprendre pour mieux juguler cet inextinguible ressentiment.