C’est un crève-cœur pour quelqu’un qui y a grandi, de traverser ce qui reste aujourd’hui de la rue Charles de Gaulle.
Pourtant, cette artère a une longue histoire et une haute tradition de convivialité. C’est là que toute la ville convergeait vers le Marché central, la Poste ou le premier Monoprix.
C’est dans cette rue que se trouvaient les plus courus des magasins de confection, les meilleurs chausseurs et les commerçants de tissus.
Quelques enseignes font encore de la résistance mais perdent chaque jour davantage de terrain face au commerce informel qui a envahi le quartier et continue à le quadriller de l’avenue de France à la rue d’Espagne.
Les nostalgiques se souviennent peut-être du café de la Poste, du bazar Attal, de la pâtisserie Chérif, de la petite librairie Saliba, d’Africa Sports, Iksa ou des fricassés chauds devant le Marché central.
Certains se souviennent peut-être des marchands de cartes postales qui étaient installées devant la façade de la Poste, de l’horloge qui donnait l’heure exacte et des boîtes aux lettres entre les portes massives de la bâtisse.
C’est en passant devant la Poste que j’ai pris ce cliché qui a mes yeux, résume la déroute urbaine vécue dans ce secteur de Tunis. Au risque de me répéter, c’est un crève-cœur de voir des quartiers entiers livrés à leur sort, sans égards pour leurs habitants et leurs commerces.
Est-ce irréversible ? Les pouvoirs publics sont-ils encore capables de reprendre la main dans ce Tunis en débandade ? Des questions centrales mais vouées à rester sans réponse alors que le centre-ville s’en va un lambeau après l’autre.